Dernier achat de livres avant départ en vacances

25 juillet 2015


Est-ce raisonnable d’acheter les Oeuvres (complètes, sans les pamphlets évidemment) de Louis-Ferdinand Céline publiées au Club de l’Honnête Homme en mil neuf cent quatre-vingt-un, neuf lourds volumes tirés sur Vergé d’après des maquettes de Massin, avec des reliures exécutées et gravées à l’or fin et dorées par les Ateliers Mellottée à l’aide de fers originaux, et cela quand je devrais être occupé à préparer mes bagages ? C’est ce que je fais ce vendredi en début d’après-midi, me rendant sous le ciel lourd à la bouquinerie rurale Détéherre qui les propose à deux cent cinquante euros.
La fille de la maison trouve deux cartons, y range mon pesant et volumineux achat et se propose pour m’aider à les porter jusqu’à ma voiture.
-C’est surtout à l’arrivée que j’aurais besoin d’une aide. Si vous voulez, je vous emmène.
-Je ne crois pas que ce soit possible, me répond-elle, on a besoin de moi au magasin.
Son père semble de cet avis. C’est donc avec mes deux bras que je transporte les neuf volumes depuis l’île Lacroix jusqu’à chez moi.
Je me remets de l’effort à la terrasse de L’Interlude, songeant qu’une fois encore j’ai raté les soldes qui m’auraient permis de renouveler ma garde-robe, trop chaud au début, trop d’averses ensuite, et les jours qui passent. C’est mal vêtu que je prendrai dimanche matin la route qui mène en Haute-Saône.
Comme il me manque la carte Michelin de cette contrée, je demande ce samedi matin à Joseph Trotta s’il n’a pas ça dans ses vieux papiers du Clos Saint-Marc. Oui, il a des cartes Michelin dans un carton, me dit-il, mais il n’est pas encore prêt. Je repasse donc à onze heures. Il cherche, me dit qu’il a vu ça quelque part, ne trouve pas, m’abandonne pour aller faire des guili-guilis à un nouveau-né. Je laisse tomber, dis bonjour à un autre bouquiniste plus sympathique qui m’apprend qu’il a une correspondance de Flaubert en quatre volumes, celle de l’édition du centenaire, Ce pourrait être mon premier achat de livres après retour de vacances.
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Le point faible de l’édition de Céline au Club de l’Honnête Homme : elle est illustrée par Raymond Moretti, celui qui a salopé les couvertures du Magazine Littéraire pendant des années.
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Rue de la Croix de Fer, un jeune homme au regard éperdu m’aborde. Je m’attends à une demande d’argent mais c’est la Seine que cherche et vers laquelle court cet échappé de la chanson de Nougaro.
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« De Flaubert à Monet, en passant par Malot et Hugo, ou, plus récemment, Matthieu Chédid, la Seine nourrit les imaginaires. » (Valérie Fourneyron, ancienne Ministre des Sports, ancienne Maire de Rouen, Députée, voulant une part de gâteau pour Le Havre aux Jeux Olympiques convoités par Paris)