Dernier mercredi d’octobre à Paris

27 octobre 2016


Ambiance de vacances dans le train de huit heures douze ce mercredi, mais néanmoins studieuse. Les enfants montés à Vernon avec leurs mères soit lisent soit dessinent en silence. Les garçons ont les cheveux sur les oreilles. Les deux femmes qui ne se connaissent pas doivent être enseignantes. Elles ne lisent ni ne dessinent, ne tripotent pas de téléphone.
Les métros Trois et Huit m’emmènent jusqu’au Café du Faubourg où l’on se moque de François Hollande, « Monsieur Quatre Pour Cent », tandis que je bois vite le mien sans m’en mêler. J’explore ensuite Book-Off puis le marché d’Aligre.
Chez Céleste, j’opte cette fois pour la formule plat dessert : rôti de veau à l’ail et tarte Tatin. C’est calme, comme on dirait à Dieppe. Près de moi déjeunent trois peutes étudiants qui n’ont pas de soucis financiers.
-J’suis super chaud pour aller en Vendée ce week-end, c’est la saison des moules et de la langoustine, déclare l’un. Ça vous dit ?
Les autres sont aussi super chauds, mais l’un doit travailler sur son projet et l’autre a un anniversaire en famille.
Il est ensuite question de voter ou non à la primaire et quoi faire pour l’élection présidentielle :
-Nicolas Dupont-Aignan, je l’ai croisé, il est vachement sympa, conclut l’un.
La tarte Tatin est excellente.
Je rejoins la place de la Bastille, grimpe dans le bus Vingt-Neuf, en descends à Bibliothèque Nationale et vais profiter d’un poil de soleil sur l’une des chaises cernant le bassin du jardin du Palais Royal. Un jeune couple se sépare pour trouver de quoi s’asseoir. Elle fonce sur une chaise qui se libère tandis qu’il en cherche une autre trente mètres plus loin. Quand il a la chaise en main, il ne voit plus sa copine. En désespoir, il la bipe avec son téléphone. Sans cette technologie, il ne l’aurait jamais retrouvée.
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Une femme félicitant le cuisinier à l’issue de son repas à la brasserie A la Ville d’Argentan :
-C’était très bon. C’était pas grand-chose à faire, mais c’était très bon.
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Parmi les livres trouvés ce mercredi : Un peu de cocaïne pour me délier la langue… un étude vantant cette drogue et son usage, qu’écrivit le jeune Sigmund Freud avant de s’intéresser à autre chose (Max Milo Editions) et L’ardoise magique de Georges Perros avec poème liminaire de Michel Butor, postface de Bernard Noël et dessin de couverture de Frédéric Poulot (fils de l’auteur), dernier texte de l’écrivain, dédié aux laryngectomisés (Editions L’œil  ébloui).
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Et aussi le Dictionnaire des clichés littéraires d’Hervé Laroche chez Arléa, un exemplaire dédicacé par l’auteur « Pour Serge Safran et Laure Leroy, peut-être à une prochaine fois. Amicalement. ». Serge Safran et Laure Leroy sont les responsables des Editions Zulma qui ont publié le Prix Femina nouveau. Le premier est également l’auteur d’une quinzaine de livres. Recevoir ce dictionnaire en cadeau quand on est écrivain, c’est la vexation assurée. La prochaine fois a dû rester hypothétique.
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Dédicace idéale pour un tel livre : « Pour vous qui n’en aurez pas besoin, ce livre qui vous fera songer à certains que nous connaissons. »
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Je le lis au hasard dans le train du retour, sans prendre de notes, hormis celle-ci :
Notes : toujours « griffonnées », ou « jetées à la hâte sur le papier ». Jamais le temps d’écrire proprement.