Dido and Aeneas d’Henry Purcell par le Poème Harmonique à l’Opéra de Rouen

8 novembre 2016


Les rediffusions pour cause de manque de moyens financiers, ce n’est pas seulement chez France Culture, voici que l’Opéra de Rouen propose une deuxième fois Dido and Aeneas par le Poème Harmonique de Vincent Dumestre. La précédente représentation est de deux mille quatorze. Même mise en scène, même chorégraphie, mêmes décors, mêmes costumes, dus à Cécile Roussat et Julien Lubek. Je me souviens comme ils m’avaient déplu.
La distribution en revanche a changé. De plus, explique un papillon glissé dans le livret programme, Mireille Delunsch, souffrante, sera remplacée par Eva Zaïcik dans le rôle de Didon. Cela ne réjouit pas mes voisines de derrière :
-Ah, c’est décevant.
-Moi qui me faisais une joie de l’entendre.
Ne connaissant pas davantage la première chanteuse que la seconde, je reste serein, observant les entrées des spectateurs dans la salle depuis mon siège de corbeille, ce dimanche après-midi.
-Vous êtes ensemble ? demande une placeuse à un homme et une femme qui se présentent à la porte.
-Ah non, pas du tout ! s’exclament-ils en chœur, choqués d’une telle hypothèse.
Le rideau se lève sur le décor en carton pâte, des tissus bleus sont agités pour faire croire à la mer dans laquelle s’ébrouent des naïades à la limite du ridicule, un monstre marin agite des tentacules qui ont l’air de ne pas lui appartenir, des acrobates font des cabrioles, un trapéziste va de gauche et de droite, de droite à gauche. S’ajoutant à la musique de Purcell, ce balancement répétitif contribue à m’ensommeiller.
J’aurais besoin d’une perfusion de caféine. Pourtant musicalement cela me va. Le chœur accentus est au meilleur niveau, tout comme l’Orchestre du Poème Harmonique, et Eva Zaïcik chante parfaitement. Mes voisines ne s’expriment pas sur ce dernier point lorsqu’on en est aux applaudissements. Ceux-ci sont nourris, montrant que mon point de vue est très minoritaire. Quand Vincent Dumestre, sorti de la fosse, fait son apparition, un frisson parcourt une partie du public féminin.
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Rentrant par le parvis de la Cathédrale, je constate que les oiseaux piailleurs ont trouvé refuge dans les tilleuls comme chaque automne. Des années que le voisinage s’en plaint. Il va être satisfait. Ces arbres seront abattus et pas remplacés, ai-je appris du compte-rendu d’une réunion tenue en Mairie le deux novembre dernier.
Une moitié des platanes de la place de la Rougemare subiront le même sort pour cause de réaménagement.
Egalement coupés et non remplacés seront les arbres de l’aître Saint-Maclou qui nuiraient au centre commercial pour artisans que les Socialistes locaux veulent y créer.
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Je revois l’air étonné de Kader Chekhemani, Adjoint de Quartier, rue d’Amiens, lorsqu’on lui avait posé la question de la disparition des arbres de l’aître Saint-Maclou. Il n’en était pas question. Il ne savait pas d’où pouvait venir cette rumeur.