Dix jours de fête au village

11 juin 2019


Voici les rues de Rouen pavoisées comme celles de Courjus-les-Deux-Rivières le jour de la fête au village. La cause en est l’Armada, ce rassemblement de grands voiliers (militaires pour beaucoup) qui revient tous les quatre cinq six ans. Comme si au Musée des Beaux-Arts était montrée régulièrement la même exposition, avec les mêmes tableaux accrochés au même endroit dans les mêmes salles. Côté animations annexes rien ne change non plus : promenades sur la Seine, grande roue, concerts, feux d’artifice, défilé de marins et messe des mêmes. Tout sera toujours comme avant.
Pendant ces dix jours de festivités, j’habite le quartier italien. Outre les drapeaux du pays, certains commerçants de la rue Saint-Nicolas ont jugé bon de suspendre des vêtements en travers de la rue, car il est bien connu que dans cette contrée on exhibe sa lessive.
La boulangère du coin de la rue et ses employé(e)s portent pour la circonstance un petit chapeau de marin. Pendant la fête, la boutique est ouverte sept jours sur sept. On y a le sens des affaires. N’y vend-on pas trente-cinq centimes, sous le nom de « petits pots de confiture », de minuscules barquettes comme on en fournit au petit-déjeuner dans les hôtels de peu d’étoiles (guère de fruit, beaucoup de sucre et d’additifs)
Une nouveauté quand même pour cette fête au village deux mille dix-neuf : le transfert de la réplique de la Statue de la Liberté, « la même qu’à New York mais en papier mâché », comme le chantait Nilda Fernandez (qui est mort juste avant cet évènement), de son rond-point de Barentin à l’extrémité de la presqu’île Waddington. Cette statue, construite pour les besoins du film Le Cerveau de Gérard Oury, a été officiellement inaugurée, avec ruban tricolore, par Patrick Herr, ancien politicien de droite devenu organisateur de festivités.
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Ce samedi, le site de l’Armada devait être l’objet d’une animation non souhaitée organisée par les Gilets Jaunes sous le nom de code « A l’Abordage ». Le coup a foiré. Guère nombreux, les Jaunes se sont fait nasser sur un pont et leur opération s’est transformée en «  Opération Trafalgar ».
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Nicolas Meyer-Rossignol, ancien Chef de l’ancienne Région Haute-Normandie, Socialiste, profite de l’occasion pour faire connaître ses ambitions municipales. Il lance son mouvement « Fiers de Rouen ».
Comment peut-on être fier d’une ville?
Parmi ses premiers adeptes : Jacques Tanguy historien local, Marie-Andrée Malleville ancienne de l’Ubi, Matthieu de Montchalin de L’Armitière.
Son projet : faire de Rouen « dans vingt ans, le premier territoire du Nord-Ouest, devant Rennes et Nantes ». Quelle intention puérile et stérile. Je le croyais jusqu’à présent un peu plus futé que les autres Socialistes du coin.