Du marché à la brocante des Emmurées à celui de Noël

26 novembre 2015


Une habitude que j’ai perdue, celle de me rendre chaque jeudi matin au marché à la brocante des Emmurées, rive gauche. J’y retourne ce jour et suis une nouvelle fois déçu. Ce marché a pâti de son déplacement pendant des mois sur le boulevard Clemenceau lors de la destruction du parquigne de béton laid sous lequel il se tenait. Des marchands l’ont quitté qui n’aimaient pas le boulevard. Ils ne sont pas revenus lors de sa réouverture sous la vague de verre des Emmurées et parmi ceux qui y sont encore certains ne viennent pas chaque semaine, dont ceux qui vendent des livres. A croire que ces personnes brocanteuses préfèrent l’ombre à la clarté.
J’en fais le tour de manière infructueuse et repasse la Seine. Devant la Cathédrale, les marchands de Noël s’empressent d’emplir leurs cabanes blanches d’objets fabriqués essentiellement en Chine qu’il s’agira de rendre désirables aux chalands rouennais et des alentours. Cela ne devrait pas poser de problème, faire les boutiques (comme ils disent) et en ressortir un sac en papier à la main est l’occupation préférée des gens d’ici.
Quand j’y repasse au milieu de la matinée, en chemin vers la Poste de la Champmeslé, non protégée par un vigile, une bonne moitié de ces commerçants nomades a ouvert cabane. De futurs clients s’y pressent. Paris est loin, l’heure n’est plus à la crainte des attentats. D’ailleurs si un marché de Noël devait être visé, ce serait celui de Strasbourg, doivent-ils se dire.
Dans le prolongement de ce marché, rue Saint-Romain, des sapins ont poussé sur le pavé, offerts par une jardinerie. A leur pied, les riverains déposent des sacs poubelles.
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Il y a trois cercles : celui des arrondissements des tueries (à l’ambiance soucieuse), celui des autres arrondissements de Paris (à l’ambiance concernée), celui de la province (à l’ambiance habituelle). Les radios, télévisions et journaux nationaux se situent dans les premier et deuxième cercles. La majorité de leurs auditeurs, regardeurs et lecteurs sont dans le troisième.
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Quand même, écrire comme l’ont fait Les Inrocks et d’autres que le voisin du Bataclan tué par une balle de kalachnikov ayant ricoché sur un balcon est mort d’une balle perdue, c’est dire que ne l’étaient pas les autres balles, celles reçues par les personnes visées.