En lisant Entretiens avec Jean-Paul Sartre août-septembre 1974 de Simone de Beauvoir

26 octobre 2017


Objet de ma dernière lecture d’escapade parisienne, c’est ce mardi que je termine les quatre cent quarante-deux pages des Entretiens avec Jean-Paul Sartre août-septembre 1974 de Simone de Beauvoir en édition Folio, lesquels font suite à La cérémonie des adieux de la même qui narre la déchéance physique de l’écrivain philosophe.
En mil neuf cent soixante-quatorze, J.-P. S. a soixante-neuf ans et depuis quelques années sa santé se détériore salement. Il ne peut presque plus marcher. Il est quasiment aveugle. Il s’endort à tout moment.
Afin de stimuler sa mémoire et son intelligence, S. de B. le soumet à la question pendant deux mois. Outre les extraits cités ces dernières semaines, j’ai noté ce passage qui n’est pas sans rapport avec la dégradation de l’état de santé de J.-P. S. :
S. de B. -Ça faisait athlétique de vous voir écrire la Critique de la raison dialectique. Et vous écriviez sous corydrane.
J.-P. S. -Toujours.
(…)
J.-P. S. -J’allais loin, je prenais non pas une pastille de corydrane mais dix à chaque fois.
S. de B. -Je sais que vous aviez même la langue complètement pelée, que vous étiez arrivé à un moment à être à moitié sourd.
J.-P. S. -Un tube d’orthédrine me faisait une journée.
S. de B. -Oui, c’était assez effrayant.
Ce temps consacré par Simone de Beauvoir à un Jean-Paul Sartre déclinant est évidemment un ultime acte d’amour. Je pense que dans la situation inverse, lui n’aurait pas eu l’idée de faire de même pour elle.
                                                              *
Et j’ai même fait une conférence sur Joyce au Havre : il y avait une salle où les professeurs faisaient des conférences payées. C’était arrangé par la municipalité et par la bibliothèque. Et j’ai fait des conférences sur les écrivains modernes aux bourgeois du Havre, qui ne les connaissaient pas. rappelle J.-P. S. à S. de B.