En lisant L’Empire du Bien de Philippe Muray

5 novembre 2016


La lecture des ouvrages de Philippe Muray m’est toujours jouissive. Ici, les quelques notes prises lors de celle de L’Empire du Bien, livre publié par Les Belles Lettres dans sa série Iconoclastes (il porte le numéro sept et date de mil neuf cent quatre-vingt-onze).
Un :
Il n’existe pas de mafia sans famille, ni sans idéalisation de la famille (le danger guette, les traîtres pullulent, la famille seule ne ment pas), et le « retour de la famille » dont on nous gargarise dans le journalisme n’est que l’un des symptômes du triomphe, dans tous les domaines imaginables, de l’esprit mafieux avec ses traits quintessenciels (protection, clientélisme enragé, culte grotesque de l’ « honneur », vengeance des offenses, loi du silence).
Deux :
Il y a même des émissions de radio, le matin, pour discuter de celles du soir à la télé ; on a vraiment pensé à tout.
Trois, d’actualité :
Les moindres évènements sont si bien téléphonés, des années à l’avance parfois, qu’ils ont l’air de leur propre commémoration quand ils osent se présenter. Par la grâce anticipante des sondages, une élection présidentielle n’est plus qu’un gag minable réchauffé, une histoire drôle éculée.
Egalement tirées de cet Empire du Bien deux citations.
L’une d’Honoré de Balzac :
On se distingue à tout prix par le ridicule, par une affectation pour la cause polonaise, pour le système pénitentiaire, pour l’avenir des forçats libérés, pour les mauvais sujets au-dessus ou au-dessous de douze ans, pour toutes les misères sociales. Ces diverses manies créent des dignités postiches, des présidents, des vice-présidents et des secrétaires de sociétés dont le nombre dépasse à Paris celui des questions sociales que l’on cherche à résoudre.
L’autre de Louis-Ferdinand Céline et d’actualité :
Quand nous serons devenus moraux tout à fait au sens où nos civilisations l’entendent et le désirent et bientôt l’exigeront, je crois que nous finirons par éclater tout à fait aussi de méchanceté. On ne nous aura laissé pour nous distraire que l’instinct de destruction.