En lisant ce que Franz Hessel dit de Dieppe dans Flâneries parisiennes

15 juin 2016


Tout va bien, c’est le nom de l’établissement où ils trônent sur leur podium, au fond de la salle, dans la pénombre, comme des poupées de foire qu’on range ou sort à loisir. Il jouent Sous les ponts de Paris pour de rares clients à qui l’on propose des boissons à prix modérés –les inscriptions sont en anglais et en français., lis-je au dernier chapitre intitulé Halte portuaire des Flâneries parisiennes de Franz Hessel (Rivages poche) qui regroupent différents textes écrits pour des journaux autour de mil neuf cent trente. Ce Tout Va Bien est celui de Dieppe que j’aime fréquenter, où l’on ne joue plus de musique et dont l’affichage des boissons n’est plus qu’en français.
Franz Hessel, le mari d’Helen et l’ami d’Henri-Pierre Roché l’amant d’Helen, quitte Paris pour se rendre en Angleterre, d’où cette escale à Dieppe, ville où il apprécie la « cathédrale », la grande rue, la vieille ville, la plage, le phare, le casino, la falaise et « la route escarpée qui va vers Pourville ».
Nous goûtons des crabes, brisant leur douce carapace pour en retirer la chair ; avec ce rafraîchissant goût de sel sur les lèvres, nous allons marcher au bord du quai, où nous enjambons des anneaux d’amarrage, noirs de rouille, profondément incrustés dans la pierre. On voit bouger les épais nœuds des cordages, verts d’algues, au-dessus de l’abîme entre le quai et les bastingages.
Sur la proue des deux steamers il est écrit en lettres d’or : New Haven–Dieppe et Rouen–Le Havre. Le grand nombre des canots de sauvetage sur le pont déserté provoque une sensation étrange.