En lisant le Journal de guerre de Jean Malaquais

10 octobre 2016


Quelques notes prises lors de ma lecture du Journal de guerre de Jean Malaquais, lequel ne la fera pas, attendant longtemps qu’elle commence puis étant fait prisonnier immédiatement après son début :
C’est dans le « métier militaire », comme ils disent, que l’on se rend compte que le gros des Français ont la mentalité, la rudesse, l’inculture du paysan ; pareils en cela au cul-terreux lituanien, croate, polonais… (quatre septembre mil neuf cent trente-neuf)
Je t’en fiche, de « l’expérience accumulée ». Jamais jamais ce temps tordu ne portera fruit. Pour ma part, à supposer que je m’en sorte avec mes tripes au complet, j’aurai la cervelle criblée de pustules. (quatorze novembre mil neuf cent trente-neuf)
Le capitaine Piron, depuis qu’il commande deux groupes, le nôtre par intérim et le sien, me fait penser à une adolescente qui, en vue de son premier bal à la sous-préfecture, aurait coiffé ses tresses en chignon. (vingt-sept novembre mil neuf cent trente-neuf)
Des types qui n’ont jamais réfléchi à rien de rien, dont l’horizon se borne à leur boutique, à leur bistro, à leur étal de tripier, les voilà qui disent France, disant qu’elle est pourrie oh la la, négroïde, enjuivée, maçonnique, capitaliste… Radio Stuttgart n’a pas de meilleures élèves que les nains invétérés qui d’emblée se couchent sous la houlette du plus fort. (quatre juin mil neuf cent quarante)
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Jean Malaquais reçut le prix Renaudot en mil neuf cent trente-neuf pour Les Javanais, roman dans lequel il raconte son expérience de travailleur dans la mine de plomb et d'argent de La-Londe-les-Maures dans le Var. Bien qu’apatride, il fut mobilisé (contre son gré) dans l’armée française. Son Journal de guerre a été publié en français à New York en mil neuf cent quarante-trois. Il est disponible chez Phébus depuis mil neuf cent quatre-vingt-dix-sept (suivi du Journal du métèque qui était resté inédit).