En lisant le premier volume des Lettres au Castor et à quelques autres de Jean-Paul Sartre (trois)

14 juillet 2015


Suite des notes prises lors de ma lecture des Lettres au Castor et à quelques autres de Jean-Paul Sartre (Gallimard), la première est tirée d’une missive à Simone Jolivet, les autres sont extraites de lettres à Simone de Beauvoir :
Nous avions rêvé de vous traiter tous deux chez Pierre mais nous revenons tout nus d’Italie, je n’ai même plus de souliers et je traîne des espadrilles blanches sous la pluie. (le quinze septembre mil neuf cent trente-six)
Mangez bien mon Castor, tournez le dos à la mer, faites trois petits kilomètres et asseyez-vous. (un mardi de mil neuf cent trente-sept)
Je vous écris depuis sept heures et il en est neuf et demie, je me suis juste interrompu une demi-heure pour dîner (soupe aux pois, filet de barbue Bercy qui sentait la femme à s’y méprendre, au point que j’en ai bandé à demi –mais juste comme un chien qui lève un peu la tête et se rendort en voyant que ce n’est pas son maître et qu’il s’est trompé– hachis parmentier et du dessert) j’ai la main moite et tremblante. (même lettre)
Ce matin je me suis rasé avec minutie, profitant de ce que vous n’étiez pas là pour trublionner autour de moi. (jeudi vingt-six avril mil neuf cent trente-sept)
Faites-moi vite envoyer six cents francs par votre mère, elle a oublié, la salope, de me les donner. (lundi trois mai mil neuf cent trente-sept)
Retour par le train de huit heures 20 en lisant des romans policiers que j’avais volés –oui bon Castor, volés faute d’argent à la devanture d’un libraire. (en mil neuf cent trente-sept)
Je suis allé dans le petit couloir obscène qui fait face au Musée Grévin mais tout était fermé, librairies et cinémas cochons, sans quoi j’aurais mis vingt sous dans quelque fente. (un lundi de juillet mil neuf cent trente-huit)