En relisant la Correspondance de François Truffaut (trois)

11 juillet 2017


Suite des notes prises lors de ma relecture de la Correspondance de François Truffaut (Le Livre de Poche) :
Je suis un peu ému aujourd’hui, car j’ai revu ma première maîtresse, la première fille avec qui j’ai habité et vécu en 1948, M… Elle est devenue un peu moche, tout comme moi, et elle a fait de la prison, 3 enfants, le trottoir et un peu de tout. Elle vit à Marseille. J’irai la voir en octobre pour l’interroger au magnétophone afin de faire le scénario de La Petite Voleuse de cette manière. (A Helen Scott, un mercredi après-midi de mil neuf cent soixante-cinq)
J’accepte volontiers les récompenses qui sont décernées à tel ou tel de mes films, mais il en va différemment lorsqu’il s’agit d’un rôle de citoyen que je n’ai jamais su remplir, puisque je n’ai pas même ma carte d’électeur. (Au Centre National de la Cinématographie, le trente janvier mil neuf cent soixante-sept)
Je connais très mal l’œuvre d’Albert Camus. J’ai lu une pièce, Les Justes, qui m’a semblé consternante et, il y a deux ans L’Etranger dont on me proposait de tirer un film. J’ai trouvé ce roman inférieur à n’importe lequel des deux cents que Simenon a écrits. (…)
Tant pis si je vous ai déçu, croyez-moi de toute façon cordialement vôtre. (A un étudiant de l’IDHEC, le trois novembre mil neuf cent soixante-sept)
La Commission de censure veille, paraît-il, à la sauvegarde des bonnes mœurs. Or, pour citer un exemple particulier, je puis affirmer que j’ai rencontré l’un de ses membres dans un bordel, il y a un an et demi. (A Jacques Doniol-Valcroze, le vingt-deux janvier mil neuf cent soixante-dix)
Je n’ai jamais eu d’activités politiques et je ne suis pas plus maoïste que pompidoliste, étant incapable de porter des sentiments à un chef d’Etat quel qu’il soit.
Il se trouve seulement que j’aime les livres et les journaux, que je suis très attaché à la liberté de la presse et à l’indépendance de la justice. (Au Président de la Cour de Sûreté de l’Etat lors au procès fait à La Cause du Peuple, le huit septembre mil neuf cent soixante-dix)
Puisque vous insistez aimablement pour que j’ajoute ma signature à celle des signataires du Manifeste pour la Survie, je suis obligé, autrement que par l’abstention silencieuse, de vous exprimer mon désaccord avec ce texte selon moi complètement anodin, flou et vague, et bien trop truffé de majuscules. (A une pétitionnaire, le treize mars mil neuf cent soixante-treize)