Encore un mercredi estival à Paris

14 septembre 2018


La météo est formelle pour ce mercredi : pluie à Rouen, ciel bleu à Paris. Le gris est remplacé par du bleu à hauteur de la centrale de Porcheville. Juste après, le train longe l’autoroute. C’est un passage que j’aime bien et je me débrouille toujours pour avoir les yeux levés de mon livre à ce moment-là.
Il fait bien beau quand je sors de terre à Ledru-Rollin. Je passe le temps qu’il faut chez Book-Off, au marché d’Aligre et chez Emmaüs sans guère charger mon sac, puis je me mets en quête d’un restaurant avec une terrasse à l’ombre.
Je le trouve boulevard Richard-Lenoir, sobrement nommé Le Paris. A midi pile, je m’y installe à l’une des tables située de part et d’autre de l’entrée. A ma droite sont deux jeunes femmes amies. J’opte pour un menu complet que note sur son carnet le jeune serveur dynamique : salade du chef, saucisson de Lyon purée maison sauce aux oignons et tiramisu, cela accompagné d’un quart de brouilly.
L’intérieur du restaurant s’emplit de nombre d’habitué(e)s. Les deux amies ont une vraie conversation, chacune écoutant l’autre. Je trouve bon ce que je mange mais peu copieux le dessert. Après avoir réglé vingt et un euros, je rejoins le port de l’Arsenal.
J’y trouve une place à l’ombre afin de poursuivre la lecture exhaustive des Fables de La Fontaine. Cela me permet d’oublier temporairement quelques soucis récents. Quand le soleil arrive à mes pieds, j’attrape un bus Vingt-Neuf et en descends à Opéra Quatre Septembre.
Après un café bu au comptoir du Bistrot d’Edmond où le serveur est stressé quel que soit le temps, je fais le tour du second Book-Off. Parmi les quelques livres à un euro que je mets dans mon panier, Le jour où mon père s’est tu de Virginie Linhart (Seuil), ouvrage dans lequel elle évoque son géniteur, l’auteur de L’Etabli, ancien maoïste devenu mutique.
Dans la bétaillère du retour, j’ai place non loin d’une femme d’un âge certain à chapeau de paille et vêture paysanne. Elle n’a pas composté son billet, ce que lui reproche le contrôleur. Il fallait l’arrêter quand il est passé la première fois.
-Je suis fatiguée, je dormais à moitié, ment-elle efficacement.
Le ciel est gris à l’arrivée, mais on dirait qu’il n’a pas plu à Rouen.
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Rue de Charonne, sur un mur près d’Emmaüs : « Ta mère aurait dû t’avaler. »
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Rachid Taha, je l’ai vu sur scène il y a bien des années, au temps de Carte de Séjour quand il chantait Douce France. C’était à Val-de-Reuil pour la Fête de la Rose, sur l’île du Roi il me semble. Dans cette ville alors, nul jeune homme barbu, nulle jeune femme voilée.
Dans la nuit de mardi à mercredi, aux Lilas, il est mort d’une crise cardiaque. Il avait cinquante-neuf ans.