Exposition Claire Bretécher au Centre Pompidou

12 janvier 2016


L’exposition Claire Bretécher occupe une place réduite dans la Bibliothèque Publique d’Information du Centre Pompidou. C’est avec plaisir que je retrouve cette « figure majeure de la bande dessinée » que j’ai surtout lue à l’époque de L’Echo des Savanes qu’elle créa avec Gotlib et Mandryka en mil neuf soixante-douze, bien que je la connaisse d’avant, grâce à Pilote où elle était la seule femme de la rédaction et même par Record, le mensuel catholique que mon père rapportait de l’église dans les années soixante. Il y eut bien sûr, plus tard, l’époque Nouvel Observateur avec Les Frustrés, Agrippine, Thérèse d’Avila et Docteur Ventouse. Aujourd’hui celle qui fut si jolie semble surtout se livrer à une peinture néo classique dont quelques tableaux sont ici présentés. L’un montre un homme d’allure bourgeoise lisant J’élève mon cochon de Kierkegaard. Des vidéos d’intervious de l’auteure sont diffusées. Dans l’une, elle parle du peu de femmes dans la bédé et explique que ce serait regrettable si elles étaient aussi nombreuses que les hommes à venir présenter leurs dessins mais que c’est loin d’être le cas. Il y eut néanmoins une revue nommée Ah ! Nana créée en mil neuf cent soixante-seize où les femmes étaient très majoritaires avec entres autres Chantal Montellier, Nicole Claveloux et Florence Cestac, mais pas Claire Bretécher. La couverture du numéro neuf est affichée, un Spécial Inceste illustré de trois filles en nuisette et sous-titré « Bonne Fête Papa », ce numéro fut censuré et entraîna la fin de l’aventure.
Nous ne sommes que quelques visiteurs, des jeunes qui la découvrent et des vieux qui la redécouvrent. Parmi ces derniers, un couple prend beaucoup de plaisir à la lecture des planches des Frustrés.
-Non mais, tu l’as vue celle-là ? « Puis-je savoir en quel honneur tu me fais la gueule ? » Non mais regarde ce couple, c’est tout à fait nous, non ?
Ils s’esclaffent. La gardienne leur demande de faire moins de bruit.
-Si on peut plus rire ici, on le pourra-t-on ? s’insurge l’homme.
-Et ils viennent de faire une annonce pour un colloque sur le rire, ajoute la femme.
Refusant de s’en laisser conter, ils poursuivent leur visite rieuse
« Si les idées vont vite, les comportements changent lentement. », c’est après avoir lu sur le mur cette maxime signée Claire Michu Bretécher que je quitte les lieux et rejoins le Book-Off de la rue du Quatre-Septembre où je trouve quelques livres pour me plaire.
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En chemin vers Saint-Lazare je passe par l’Opéra Garnier. Devant le bâtiment, quelques dizaines de manifestants pro palestiniens sont contenus sur un îlot. Ils crient « Israël assassin, Opéra complice ». Ces censeurs veulent faire déprogrammer le ballet Three qu’a créé le chorégraphe israélien Ohad Naharin pour la Bastsheva Dance Company.
Jamais je n’ai participé à une manifestation pro palestinienne persuadé que le jour où ils auront un Etat, ce sera une dictature de plus.
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Parmi les livres rapportés de Paris : Mon sang retombera sur vous (lettres retrouvées d’un otage sacrifié) d’Aldo Moro (Tallandier), Traversée avec Don Quichotte de Thomas Mann (Complexe) et Au bal avec Marcel Proust de la Princesse Bibesco (L’Imaginaire).
Il y en avait un autre. Il a dû glisser de mon sac quand je l’ai repris sur le porte-bagages du train et faire le bonheur de quelqu’un(e) ou son effroi : La Fabuleuse Histoire de la Fellation de Thierry Leguay (La Musardine). Zut !