Exposition Cueco au Centre d’Art Contemporain de la Matmut à Saint-Pierre-de-Varengeville

4 juillet 2017


Sitôt après la pluie, ce samedi midi, je rejoins le Mont Riboudet par un bus Teor et y prends l’un des rares Vingt-Six dont le terminus est la salle des fêtes de Saint-Pierre-de-Varengeville près de laquelle s’est installé pour le ouiquennede le cirque Hart.
Nulle vie dans ce village, je dois me débrouiller seul pour trouver le Centre d’Art Contemporain de la Matmut où je viens pour la première fois, attiré là par l’exposition Connivences consacrée à Henri Cueco, mort récemment, dont je ne connais que le Mur aux chiens de Val-de-Reuil pour être passé devant quotidiennement pendant des années et la voix pour l’avoir entendue pendant des années dans Les Papous dans la tête de France Culture.
Le Centre d’Art Contemporain de la Matmut est dans un château très Moulinsart entouré d’un vaste parc où a été construit un discret bâtiment blanc près duquel se trouve l’entrée. Un homme y veille qui me dit d’aller directement au château. La porte franchie, une jeune fille me tend une feuille plastifiée reprenant des articles consacrés à Henri Cueco.
Je suis seul pour visiter ses relectures de Rembrandt, De Champaigne, Poussin, Ingres et Cézanne, lesquelles sont installées au rez-de-chaussée et dans un beau sous-sol voûté en brique rouge. Cette démarche picturale, faite de fragmentation et de reconstruction, m’intéresse peu. Je préfère les quelques tableaux de séries : rosiers, ronces, églantiers, bogues de châtaigne, pommes de terre, babioles. Une vaste écran partagé en quatre montre en gros plan le visage de Cueco, couronne de cheveux blancs et lunettes rondes. Il donne son alphabet personnel. Je l’écoute expliquer R comme raisonnable, S comme série et T comme toile puis descends dans la crypte où est montré de façon permanente le panthéon personnel du sculpteur local Philippe Garel, une dizaine de têtes de maîtres anciens et modernes.
Remonté, je rends la feuille plastifiée à la jeune fille de l’accueil.
-Quel est votre code postal ? me demande-t-elle.
Je suis tout aussi seul dans le parc parsemé de sculptures monumentales. J’en fais le tour, explorant le jardin labyrinthique et le jardin japonais, puis je retourne au centre du village, toujours aussi mort. Sauf au Péhemmu, mais sa clientèle me dissuade d’y entrer. Je préfère prendre un café (un euro) à La Petite Fringale où un couple termine de déjeuner. A peine sont-ils partis que la patronne me met dehors :
-Je suis désolée, monsieur, mais on est obligé de fermer, j’aurais dû vous le dire en arrivant.
Heureusement, l’heure du bus de retour approche, qu’attendent aussi les jolies filles du village, désireuses de rejoindre l’animation rouennaise.
A l’arrivée, je descends du Teor bondé à Théâtre des Arts et termine à pied. Rue aux Ours, une jeune fille se précipite sur un quinquagénaire, Elle le bouscule. « Eh dis donc toi salope », lui dit-il. « Voleur », lui répond-elle en tirant de son sac ce qui doit être un drap ou un rideau. « T’allais m’arracher ma chaîne », crie-t-il tandis que, tournant le coin, cette intrépide vendeuse entre au magasin Eurodif.
                                                              *
La conductrice du bus Vingt-Six à un voyageur qui lui demande si elle va bien à Rouen : « Oui oui, j’ai oublié de changer la girouette ». Ainsi donc s’appelle l’affichage lumineux des bus, des cars et autres véhicules de transport en commun.