Exposition Jean Rault à la Galerie Fontaine

30 mars 2024


Il est onze heures et quart quand j’arrive devant la Galerie Fontaine, rue Damiette. Je me heurte à une porte fermée, alors qu’elle devrait être ouverte. Je commence à pester intérieurement quand surgit un grand homme jeune. Des difficultés à se garer, me dit-il pour justifier le retard.
J’entre à sa suite pour découvrir ce qu’il expose du photographe Jean Rault dont j’ai découvert l’existence il y a quelques années par une affiche sur la porte d’une boutique de la rue du Général-Leclerc, laquelle affiche était celle d’une exposition d’icelui se tenant rive gauche, je ne sais où, mais qui était terminée. Dommage, m’étais-je dit. La femme plus ou moins nue de cette photo de Jean Rault me donnait envie d’en voir plus.
C’est possible cette fois à deux pas de chez moi. L’exposition est en deux parties. Sur le mur de gauche, en noir et blanc, sont des œuvres tirées des séries Unes, Autres, Autres portraits de jeunes filles de 16 à 18 ans, Autres portraits de jeunes gens qui montrent une adolescence marginale ou marginalisée à la mise négligée et à la mine renfrognée. Des photos faites dans les années quatre-vingt dans le parquigne à étages du bas de la rue de la Jeanne où zonait cette jeunesse, m’explique le maître des lieux. En face est la série Diamonds are forever faite dans les années deux mille, en couleur, qui montre des garçons filles d’un Japon « un peu déhanché, un peu mal rasé ». Ces drag-queens japonaises de la troupe des Diamonds are forever rendent hommage en spectacle, depuis vingt ans, à leur meneur Teiji Furuhashi, mort du Sida.
La Galerie Fontaine est ouverte depuis le treize octobre, me dit en réponse à ma question celui qui se lance dans la monstration d’œuvres d’artistes contemporains à Rouen. Sa prochaine exposition sera consacrée aux peintures de Stéphane Montefiore qui fut élève de Jean Rault quand celui-ci donnait des cours à l’Ecole des Beauzarts. Cette nouvelle galerie avance un pas après l’autre. « Je m’appelle Fontaine alors l’histoire de la grenouille et du bœuf, je connais », me dit celui qui m’a accueilli avant que nous nous souhaitions une bonne journée.
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Jean Rault a d’abord été peintre. Après dix ans de pratique, il a jeté le pinceau, son côté « un peu rebelle » le poussant à se consacrer à la photographie alors considérée comme « un art mineur ». C'était un acte coûteux et précieux, courageux aussi, de passer du noble à l'ignoble., écrit-il.
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Il y a de la nudité dans mon traitement du portrait même lorsque le modèle pose habillé. (Jean Rault).