Exposition Madeleine Project (de la cave au musée) au Musée d’Histoire de la Vie Quotidienne de Saint-Martin-en-Campagne

31 août 2019


C’est par une affiche dans la gare de Rouen que j’ai eu connaissance de l’existence de l’exposition Madeleine Project (de la cave au musée) au Musée d’Histoire de la Vie Quotidienne de Saint-Martin-en-Campagne, apprenant du même coup l’existence de ce Musée et de ce « p’tit village qu’a un nom pas du tout commun ». Il est situé entre Dieppe et Eu. Ayant lu depuis longtemps différents articles sur le Madeleine Project de Clara Beaudoux, il me vient l’envie d’aller voir l’exposition et, apprends-je, c’est possible par le car qui va de Dieppe au Tréport et Eu.
Ce jeudi, je monte dans le train de neuf heures douze pour Dieppe puis, après un café au Balto, je paie deux euros au chauffeur du Soixante-Huit de dix heures quarante-cinq. Arrivé au village de Saint-Martin, qui jouxte Penly et sa centrale nucléaire, j’en descends devant l’école Georges Brassens, près de la salle des fêtes Jacques Brel.
Je repère vite le Musée, imposant bâtiment à l’architecture contemporaine situé près de l’église et son cimetière. Comme il ferme sur le temps de midi, je remets ma visite à plus tard et me renseigne auprès d’un employé communal sur où manger (comme on dit dans Le Guide du Routard). Il n’y a que deux possibilités : L’Annexe et Le Central Grill. Le premier a une petite terrasse champêtre mais ne propose que des moules au menu. Aussi vais-je jusqu’à l’autre, situé dans un mini centre commercial donnant sur un rond-point autour duquel tournent des campigne-cars. En arrière-plan, ce sont des pales d’éoliennes qui tournent dans le ciel bleu. On en voit souvent près des centrales nucléaires.
Il y a foule de jeunes travailleurs dans ce restaurant qui propose un menu tout compris à quinze euros quatre-vingt-quinze, entrée (salade de gambas à l’aneth),  plat (bavette d’aloyau grillée sauce au poivre, frites maison), dessert (gâteau basque), quart de vin rouge et café. A ma droite, on parle kilowatts. A ma gauche, on parle betteraves. C’est une affaire familiale, la fille dirige tout depuis le bar et gare au serveur qui traîne.
A quatorze heures, j’entre au Musée, et en raison de mon âge, paie demi-tarif (deux euros cinquante) puis je laisse mon sac à la consigne. « Chez nous, me dit l’aimable guichetière, tout est en sous-sol, exposition permanente et exposition temporaire ». Je descends l’escalier et arrive dans un espace énorme et quelque peu surchauffé qui a été creusé sous le jardin qui entoure la partie visible du bâtiment.
L’exposition Madeleine Project n’en occupe que le fond. Y sont visibles nombre des objets ayant appartenu à une femme prénommée Madeleine. Objets que Clara Beaudoux a découverts après avoir fait céder à l’aide d’une scie à métaux le cadenas de la cave de l’appartement parisien qu’elle avait loué. Objets qu’elle a sortis de l’ombre et inventoriés, se mettant pour cela en disponibilité de son emploi de journaliste à France Info.
Madeleine était institutrice. Il est heureux que je ne sois plus concerné par cette profession pour apprécier ce que je vois sans être touché par l’angoisse de la rentrée. Parmi ses possessions, la plus surprenante est le disque de Colette Renard Chansons gaillardes. Il tranche avec les témoignages de vie bien sage qui l’entourent.
Une fois parcouru l’univers de Madeleine, sauvé d’une cave pour être momentanément exposé dans une autre, je fais le tour des multiples objets de la vie d’autrefois dans tous les domaines que recèle ce Musée et m’y intéresse autant que j’en suis capable, c’est-à-dire peu. Le cheminement mène à la Maison Mercier, belle bâtisse restaurée dans son état du seizième siècle, que je visite également.
La guichetière me confirme que tout cela a été possible grâce à l’argent du nucléaire. Je ne lui demande pas s’il est prévu que la population du village se réfugie au sous-sol  en cas d’accident à la centrale.
Une institutrice traverse la cour de l’école Georges Brassens lorsque j’attends le car du retour, faisant sa prérentrée personnelle un jour avant l’officielle. J’ai une pensée pour elle et pour tou(te)s les autres.
C’est le Soixante-Huit de quinze heures quarante-deux, d’où l’on a belle vue sur la mer et les falaises, qui me ramène à Dieppe. J’en descends au Foyer du Marin et passe un bon moment à la terrasse du Mieux Ici Qu’En Face à lire Le Voyage à Nuremberg de Hermann Hesse puis rentre par le train de dix-neuf heures.
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Saint-Martin-en-Campagne possède aussi un superbe Espace Périscolaire Henri Dès et une salle Edith Piaf. Il ne lui manque qu’une salle François Béranger dont j’ai eu Tranche de vie dans la tête toute la journée.
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« Madeleine naît à Bourges en 1915 et arrive toute petite à Paris. » « Elle décède en 2012 dans l’anonymat d’une vie bien remplie. »