Exposition Nicolas de Staël Lumières du nord – Lumières du Sud au MuMa

9 septembre 2014


La file d’attente est de quelques dizaines de personnes à onze heures devant la porte du MuMa, des Havrais(e)s et des d’ailleurs, certain(e)s qui savent que c’est gratuit le premier samedi du mois et d’autres qui le découvriront à la caisse, beaucoup de retraité(e)s parmi lesquel(le)s, je le devine, pas mal d’enseignant(e)s, une double raison de pester intérieurement, la troisième étant la présence d’un moutard en poussette déjà geignard.
Nicolas de Staël, par sa peinture et ses dessins, a tôt fait de me redonner le sourire, dont on montre ici les paysages sous le titre Lumières du nord – Lumières du Sud à l’occasion du centenaire de la naissance. De Calais et Dunkerque à Antibes et Agrigente, en passant par Dieppe et Le Havre, je voyage dans ses toiles figuratives abstraites venues de collections françaises, allemandes et américaines. Le moutard ne chouine plus. L’ensemble du public visite en pieux silence. Tout à coup, des rires et de fortes paroles retentissent, ceux d’un groupe de Noir(e)s anglophones qui se font un peu regarder de travers par certain(e)s. Ils sont pourtant en accord avec les tableaux les plus gais de l’artiste, qui le seize mars mil neuf cent cinquante-cinq se jeta par la fenêtre de son atelier à Antibes. Une photo de lui, grand échalas parmi ses peintures, coiffé en coup de large pinceau, me regarde partir.
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Au Havre, cet été, dans le domaine artistique, on regarde au large, tandis qu’à Rouen on ne voit pas plus loin que le bout de la flèche de la Cathédrale du village.
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Croire au village, c’est donner une limite à la vie ; c’est lui croire un sens et elle n’en a pas. C’est un peu sot de s’imaginer que nous avons une raison d’être là plutôt qu’ailleurs. Jules Renard Journal (trois novembre mil neuf cent six)