Le retour de Napo

1er août 2022


En allant faire mes courses chez U Express, je vois à quoi ressemble le Napoléon équestre rentré à Rouen jeudi dernier après avoir été restauré pour près de trois cent mille euros. D’où je suis, sa nouvelle couleur le rend moins visible. Elle ne se détache pas de celle des feuilles des arbres. C’est déjà ça.
Napo a été reposé discrètement sur son socle en travaux. Il y avait pour l’accueillir des quidams de droite et d’extrême-droite. Certains criaient « Vive l’Empereur ». L’un d’eux agitait furieusement un drapeau normand. J’ai vu ça à la télé.
La municipalité de gauche voulait l’envoyer à Sainte-Hélène, c’est-à-dire sur l’île Lacroix, et mettre à sa place une statue de Gisèle Halimi. Une consultation populaire en a décidé autrement. Je ne m’en suis pas mêlé mais, comme je l’ai déjà écrit, je trouve intéressant que l’on continue à voir que la Ville de Rouen a autrefois trouvé bon d’ériger devant la Mairie pareille statue à la gloire d’un criminel de guerre.
Au moment de la votation populaire, l’un des branlotins qui pratiquent la planche à roulettes autour du socle déclarait à une journaliste qui l’interrogeait : « Moi tout me va, Napoléon, l’avocate ou le socle sans rien, c’est comme on veut ».
Il ne pouvait pas deviner que cette votation demanderait aussi qu’on le vire d’ici, lui et ses peutes.
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Vu sortir de la Cathédrale de Rouen, un prêtre en soutane et canotier.