Le retour du petit train électrique rouennais et de son sympathique chauffeur

22 juin 2020


Je suis à lire les Lettres d’Oscar Wilde ce vendredi en début d’après-midi en terrasse du Son du Cor quand un son de cloche m’alerte. Le petit train électrique de la ville de Rouen s’approche. Arrivé à ma hauteur il s’arrête. Son conducteur ouvre la vitre. Nous nous saluons chaleureusement.
-Alors ça y est c’est reparti ? lui demandé-je
-A partir de lundi, me répond-il.
Nous célébrons l’évènement d’un pouce levé, un dernier salut et le voilà reparti.
Entre lui et moi, ça avait pourtant mal commencé, une rencontre rue Saint-Romain alors qu’il conduisait le train précédent, celui à gasoil. Ce nouveau chauffeur ne cessait d’actionner la cloche.
-C’est bon on vous entend, lui avais-je dit, il faut vous calmer avec la clochette.
-Ça amuse les enfants, m’avait-il répondu.
-Si vous voulez amuser les enfants, il faut aller conduire un petit train chez Disney, avais-je répliqué un peu méchamment.
Je ne me souviens pas du mot qu’il m’adressa en retour mais c’était une insulte.
Le lendemain, alors que je traversais en diagonale le parvis de la Cathédrale, je le vis descendre de son train à l’arrêt et se diriger droit sur moi.
Ce n’était pas pour me faire un sort, mais pour s’excuser. J’en fis autant et depuis nous sommes les meilleurs amis du monde. Pas une fois nous nous croisons sans que j’aie droit à un petit coup de cloche.
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Faut-il l’écrire ou pas ? Cet homme a la peau noire. Le préciser est désagréable car s’il avait la peau blanche je ne le ferais pas, mais si je ne le dis pas, qui lira imaginera un homme à la peau blanche.