Léautaud et Pornic, histoire d’amour

11 octobre 2020


Paul Léautaud doit sa connaissance de la Bretagne à son amante, Anne Cayssac, qui possédait à Pornic une maison appelée Ker Miaou. De ma (re)lecture, en cet automne breton, de sa Correspondance établie par Marie Dormoy (son amante ultérieure), ce choix d’extraits des lettres écrites par Léautaud à celle qu’il surnommait le Fléau, un condensé d’histoire d’amour :
Quand tu seras à Pornic, tu te rappelleras combien je te trouvais jolie, nue, dans mes bras, devant la glace. « Champagne inutile, disais-tu. Nous bandons fort bien tous les deux. » Nous bandions en effet fort bien. Tu suçais la pine avec la même gourmandise que tu gobais un éclair (toi-même tu faisais le rapprochement) et quant à moi, tu sais bien ce que je te faisais. Rappelle-toi tes paroles : « J’ai un amant que je dégoûte, vraiment. Il me met sa langue dans le nez, dans la bouche, dans le cou, dans le cul. Vraiment, je le dégoûte. » Le jeudi vingt-six février mil neuf cent vingt-cinq
On ne me reprendra pas à aller à Pornic à cette époque. Les mioches qui braillent, les locataires qui font du bruit, le pullulement des gens de passage, grotesques dans leurs costumes de circonstance, les voisins avec leurs phonos, c’est hideux. Comme tourment, la propriétaire de Ker Miaou suffit. Le jeudi deux août mil neuf cent vingt-huit
Mais non, ma chère amie, il n’y a en ce moment à Pornic, qu’une plèbe commune. Les hommes sont vulgaires, avec ces visages d’imbéciles – je les ai vus ! – et les femmes, pour la plupart, mastoques. (…) Pornic deviendra hideux, infréquentable, si cela continue. Il va devenir une plage pour basse classe. Il n’y a qu’à voir déjà la vulgarité des gens qui s’y prélassent en ce moment. Paris le quatorze août mil neuf cent vingt-huit
Moi qui vous ai connue obtenant le sirop dans la bouche en trois minutes de travail, toute fière de l’avoir bien sucé – ou vous trémoussant à califourchon sur moi. Le visage ravissant à voir d’expression cochonne ! J’ai eu le meilleur. L’amateur peut venir : il n’aura plus tout ce que j’ai eu. Fontenay le vingt-cinq juin mil neuf cent trente-deux
Vous êtes une sotte. Vous aviez une occasion de vous faire bouffer le cul et sucer votre pine pendant quelques jours tranquillement et vous n’avez pas su la mettre à profit. Le quatre octobre mil neuf cent trente-deux
Et si vous croyez que c’est agréable de vous bouffer le con, avec les pointes de votre ceinture qui vous blessent le visage, et qui vous blessent encore le bas-ventre quand on fourre sa pine entre vos cuisses. Paris le cinq octobre mil neuf cent trente-deux
Près de 200 francs dépensés dans ce dernier voyage, si complètement inutile – et pourtant utile, d’un certain côté. Mon Dieu, je ne pleure pas, bien que vous avoir bouffé le con une seule fois, et avoir tiré un seul coup, tout habillé, et debout, et seulement entre vos cuisses, ce soit un peu cher. Paris le six octobre mil neuf cent trente-deux
Alors que rien que de vous écrire, je suis obligé de me déboutonner tant je bande. Vous me faites suer. Jamais je n’ai bouffé le con à une femme comme je bouffe le vôtre ni mis ma langue dans un trou du cul comme je la mets dans le vôtre. Et je m’empresse de dire que j’ai la contrepartie, car jamais femme ne m’a sucé la queue comme vous me la sucez, ni fait tirer de bons coups comme ceux que nous tirons ensemble, même après dix-huit ans de liaison, espèce de folle. Le huit octobre mil neuf cent trente-deux
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Deux fois, à Pornic, je suis allé jusqu’à Ker Miaou, bien accompagné.