Lectures de train : Mathilde et Sarah

8 mars 2024


De ma lecture ferroviaire de Mémoires inédits de Mathilde Bonaparte dans la collection Les Cahiers Rouges chez Grasset, des souvenirs de jeune fille évoqués par une vieille femme et publiés pour la première fois en deux mille dix-neuf, je sauve quelques méchancetés :
La Princesse Zénaïde : C’était une grosse femme matérielle, épaisse à l’excès, sans cœur, sans esprit ayant eu seize enfants du plus dégoûtant des hommes qu’elle n’aimait pas, qu’elle estimait encore moins et à juste titre.
Son père, engrosseur de domestiques : Je ne nommerai pas toutes les dames que j’ai connues auprès de ma mère. Elles changeaient assez souvent. Je me souviens, entre autres, d’une Milanaise, Mlle Frosconi qui resta plusieurs années consécutives, entrecoupées de quelques absences forcées…
Mon père, le plus aimable des hommes, poussait la galanterie jusqu’à l’imprudence. D’ailleurs, le baron de Stoelting, son chevalier d’honneur, était une bonne tête de Turc. « C’est Stoelting », disait mon père, et ce beau Stoelting, avec ses larges mouchoirs, son nez en pied de marmite tout bourré de tabac, passait pour un Lovelace.
Adolphe Thiers : Pendant l’été 1837, Monsieur Thiers vint en Italie. Ce fut alors que je le vis pour la première fois. Sa femme l’accompagnait. Elle se disait souffrante. On prétendait qu’elle avait eu pour le maestro Bellini une affection des plus tendres et que son mariage avec M. Thiers était loin de la satisfaire. On la disait instruite des relations intimes de son mari avec sa mère.
Marie de Hesse-Darmstadt, future femme du futur Empereur de Russie Alexandre le Deuxième : Elle ne fut même pas placée sur la liste des princesses à marier qu’on mit sous les yeux du Grand-Duc. Cependant, ce fut elle qui lui plut. L’empereur Nicolas s’était imposé de ne pas contrarier l’inclination de son fils, mais ce choix lui fit dire, avec un peu de cynisme, que le cochon anoblit la truie.
De celle de Ça raconte Sarah de Pauline Delabroy-Allard dans l’édition de poche des Editions de Minuit, je ne retiens que ma déception. Impossible de croire à cette histoire d’amour passion entre deux femmes. L’auteure va de cliché en cliché. Ses phrases courtes fatiguent. Encore plus ses paragraphes type Ouiquipédia pour expliquer tel film ou tel lieu à des lecteurs supposés ignares. Le plus pénible est la deuxième partie quand la narratrice, après la mort de cette Sarah, plonge dans la dépression à Trieste, je l’ai lue en diagonale.
Page cinquante-sept : … des chiens errants errent dans les herbes touffues et vert tendre … (ça c’est étonnant)
Page cent soixante et un : Je chante de vieilles chansons françaises de variété que j’ai gardées en mémoire. (ça c’est lourd)