Les Caprices de Marianne à l’Opéra de Rouen et dans les urnes

14 décembre 2015


-Vous êtes le premier, me dit la gardienne de l’urne ce dimanche au lycée Camille Saint-Saëns.
-Je ne viens pas souvent alors quand je me déplace autant être le premier, lui réponds-je.
Il fait nuit. Huit heures viennent de sonner. Le bulletin Mayer-Rossignol tombe au fond de l’urne dans son enveloppe bleue. Le Morin est chiffonné dans ma poche. Je n’ai pas touché au troisième, trop puant.
Le jour levé, je fais un tour au marché du côté des bouquinistes puis vais me réchauffer au Clos-Saint-Marc afin d’y terminer la lecture de Lectures pour Jean Vilar de Georges Perros.
C’est un café mal fréquenté. À une table de quatre se trouve le chef rouennais du Parti qui pue. En sa compagnie, un couple de quinquagénaires et un sexagénaire à longs cheveux blancs attachés en catogan, le genre de type qu’on pourrait croire de passage venant de l’une des dernières communautés des Cévennes (ne pas se fier à la tête d’un quidam pour savoir s’il est ou non un électeur du F-Haine). Ce quatuor disparaît assez vite. Les autres clients lisent Liberté Dimanche dont le titre est « Un Noël durable ? » (ne parlons pas de malheur).
L’après-midi, je suis à l’Opéra où l’on donne Les Caprices de Marianne d’Henri Sauguet sur un livret de Jean-Pierre Grédy (du duo boulevardier Barillet et Grédy) d’après Alfred de Musset dont je n’ai jamais lu ni vu la pièce, aussi ne puis-je pas me rendre compte de toute l’étendue des dégâts mais quelle niaiserie dans le texte et certaines situations. Je suis en corbeille entre une vieille qui baille et un jeunot qui pique régulièrement du nez.
-C’est un peu monotone, déclare l’un à l’entracte
-On me l’aurait fait écouter chez moi avant, je ne serais pas venue, dit une autre.
« La sieste est finie » chante l’aubergiste au début du deuxième acte. Cette injonction a de l’effet sur ma voisine et mon voisin. Je n’ennuie un peu moins mais je continue à penser que ce n’était pas la peine de se mettre à seize maisons d’opéra pour sortir de la poussière cette œuvre de mil neuf cent cinquante-quatre.
Marianne n’a rien d’une femme à caprices, c’est une épouse malheureuse que son mari frappe et dont il fait tuer celui qu’il soupçonne être son amant. En cela, elle ressemble à la Marianne de la République qui depuis un moment prend des coups.
Avant l’heure officielle, je regarde les résultats du deuxième tour des Régionales sur le site du journal belge Le Soir. Le F-Haine n’a aucun(e) élu(e), à part Laurent Wauquiez qui se présentait en Rhône Alpes Auvergne sous le sigle Les Républicains.
Pour la Normandie, on ne sait pas. Le F-Haineux Bay est dans les choux, Nicolas Mayer-Rossignol (Gauche) et Hervé Morin (Droite) sont à égalité. Vers vingt et une heures, le premier est donné gagnant, mais pas à coup sûr. A croire que dans cette région, Marianne est capricieuse. Un peu avant vingt-deux heures, elle finit par choisir de très peu celui qui a trahi François Bayrou au lendemain du premier tour de la Présidentielle de deux mille sept.
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Le dimanche du premier tour, j’aurais eu envie de voter en Ile-de-France. Cette fois, je m’y serais abstenu. Pas possible de voter Bartolone, l’un des plus crétins des Socialistes.
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Laurent le Fabuleux, sa petite larme à la fin de la Cop Vingt et Un où l’on a décidé de ne s’obliger à rien et pas avant deux mille vingt.
Il a bien mérité pour retraite de faire Président du Conseil Constitutionnel.