Présentation de la Saison Seize/Dix-Sept à l’Opéra de Rouen

3 juin 2016


Ce jeudi, je suis en corbeille à l’Opéra de Rouen pour la présentation de la Saison Seize/Dix-Sept me doutant que, comme chaque année, la soirée sera peu palpitante et que, comme d’habitude, le programme de l'an prochain sera assez semblable à celui de l'année précédente, La lecture de la brochure confirme ce dernier point.
Frédéric Roels, Directeur, entre en scène en compagnie de la nouvelle Présidente, Catherine Morin-Desailly, Sénatrice, Conseillère Régionale, Centriste de Droite. Symbolisant ce changement politique, la sellette et les deux sièges habituellement côté cour sont passés côté jardin. Comme son prédécesseur, Nicolas Mayer-Rossignol, Socialiste, elle appelle le Directeur par son prénom. L’appelle-t-il Catherine, ou même Cathie, on ne le saura pas car il ne s’adresse pas directement à elle. En vieille routière de la profession, elle fait applaudir d’emblée tous ceux qui concourent à la réussite de la maison puis elle dévide un propos convenu sur la Culture et la Normandie désormais réunie. J’entends que Rouen est la seule ville entre Lille et Rennes à avoir un Opéra et qu’il faut s’en féliciter. Au bout d’un temps certain, elle dit qu’elle ne sera pas plus longue mais en rajoute quand même une couche avant de disparaître. On ne la reverra plus.
Le thème de la saison prochaine est le libertinage mais, précise immédiatement Frédéric Roels, uniquement dans son fondement philosophique. Néanmoins, quand il cite des noms pour illustrer son propos, il donne ceux de Casanova, Da Ponte et Sade. Il s’agit, dit-il, d’œuvrer contre les deux grands dangers qui nous menacent : le politiquement correct et la montée de l’extrémisme religieux (qui concerne toutes les religions, ajoute-t-il politiquement correct).
J’applaudis pour la première fois lors de l’entrée de l’Orchestre. Il est dirigé ce soir par une jeune femme : Debora Waldman. Au moins intervient-il souvent lors de l’énumération de spectacles à venir, mais sans forcer son talent. C’est la troisième fois en trois jours que les musicien(ne)s sont de service (la première ayant été réservée aux importants : mécènes, journalistes, etc.). Pour occuper la cheffe entre deux coups de baguette, on l’a munie d’une tablette qu’elle met parfois en marche. L’écran de cette tablette s’affiche alors, où l’on peut lire des blagounettes pas drôles. La salle ne se manifeste que lorsque le taulier (comme l’appelle  irrespectueusement l’un qui n’est pas là) annonce que dorénavant pour les concerts ayant lieu à la chapelle Corneille, les places seront numérotées.
A l’issue, dans une ambiance heure de pointe du métro parisien, c’est champagne et amuse-bouches, comme les années précédentes, mais en quantité diminuée. Viendra le jour où les petits fours seront eux-mêmes sur réservation et numérotés. « Buvons, puisqu’il n’y a plus rien à manger. », dis-je à une dame de ma connaissance venue comme moi se faire resservir au bar.
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Catherine Morin-Desailly, spectatrice très épisodique à l’Opéra de Rouen mais s’en rêvant programmatrice hardie : « La maison ne doit pas se cantonner à un répertoire convenu ; au contraire, elle doit regarder droit devant et participer pleinement à l’émergence de la création lyrique contemporaine, audacieuse, lumineuse et puissante… » (normandie actu)
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Sujet de conversation de la soirée : le fils de Valérie Fourneyron, Députée, ancienne Ministre des Sports, Socialiste, en garde à vue pour avoir brûlé un feu rouge et blessé deux policiers avec deux grammes d’alcool dans le sang. Le fils de Fabius, c’est pire. On n’en dira pas plus.