Prière de ne pas déranger

5 décembre 2017


Mon téléphone sonne. C’est une employée de la Direction Régionale de la Caisse d’Epargne. Elle ne me laisse pas le temps de m’enquérir de la raison de son appel. Elle déroule son texte avec l’autorité d’une comédienne bien rodée. Mon conseiller souhaite me rencontrer afin de me faire connaître les nouvelles opportunités qui s’offrent à moi. Quand elle reprend son souffle, c’est pour me demander de lui indiquer quel jour je suis disponible.
-Vous devriez commencer par me demander si j’ai envie de le voir, lui fais-je remarquer.
Elle est décontenancée. Encore plus quand je lui dis qu’on ne me convoque pas de cette manière.
-Dans ce cas, je vous laisse vous rapprocher de votre agence, me dit-elle.
-Je ne me rapproche pas des banques, je m’en tiens le plus possible éloigné, conclus-je en raccrochant.
Veolia m’écrit. Il s’agit de me faire peur afin que je contracte une assurance contre les éventuelles fuites du tuyau situé entre mon compteur et l’arrivée d’eau du réseau. Très peu chère la première année mais qui augmente sévèrement après. Une enveloppe Té permet de répondre gratuitement. N’oubliez pas de joindre votre chèque avant de fermer l’enveloppe, est-il précisé. Je me garde de tomber dans ce piège.
Quinze jours plus tard, Veolia me relance, s’étonnant de mon absence d’adhésion. Une nouvelle enveloppe Té est jointe. Les enveloppes Té ne sont gratuites que pour l’expéditeur, c’est le destinataire qui paie. Je décide donc de les utiliser.
A la place du bulletin d’adhésion et du chèque qu’attend Veolia, je glisse dans chaque enveloppe une feuille blanche sur laquelle est inscrit, d’un coup de tampon fabriqué par le Tampographe Sardon, « J’en ai rien à foutre ».
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Je n’ai pas rêvé, me confirme la boulangère du Fournil du Carré d’Or. La banderole annonçant la fête de Saint Nicolas, rue du même nom, a bien été installée par les services municipaux comme chaque année puis enlevée par les mêmes quand ils ont appris que l’association des commerçants s’était dissoute.
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L’esprit de Noël descendra à Rouen ce mardi cinq décembre dans la salle des Etats de l’Historial Jeanne d’Arc. Une centaine de riches dîneront dans ce lieu d’exception pour la somme très raisonnable de cent euros. Au menu : saint-pierre à la salade de radis, Saint-Jacques au panais, bœuf à l’avocat et à la pomme, dessert au chocolat, à la poire et aux chanterelles. En cuisine : des chefs renommés dont des étoilés. Les dix mille euros récoltés seront offerts aux Restos du Cœur. De quoi offrir pas mal de boîtes de conserve à ces pauvres que l’association qualifie de bénéficiaires.