Quand passent les anti passe

9 août 2021


Bien sûr que je préfèrerais vivre sans passe obligatoire pour aller au café et au restaurant mais pas question de rejoindre les anti passe dont j’ai pu entendre les arguments à l’issue d’une de leurs manifestations à Bar-le-Duc. La plupart ont le cerveau en vrac.
Macron n’a pas choisi ce passe obligatoire. Il y était contraint, et tout autre aurait fait de même, puisque d’une part la vaccination n’est efficace que si elle est généralisée et que d’autre part imposer une vaccination obligatoire sans pouvoir la rendre effective n’aurait pas grand sens.
Ce samedi après-midi, je viens de rentrer du Son du Cor où je lisais Correspondance de Violette Leduc protégé de l’orage par l’auvent quand de la fenêtre ouverte à l’étage, j’entends qu’ils passent rue de la République, les anti passe qui crient « Liberté ».
Pourquoi y a-t-il un passe sanitaire ? Parce que tout le monde n’est pas vacciné. Pourquoi tout le monde n’est pas vacciné ? Parce que certains tergiversent « On verra ça pour notre anniversaire de mariage, peut-être ». Et parce que d’autres, nommés antivax, ne le veulent pas. Ces antivax et certains des indécis défilent avec les anti passe.
Etre contre le passe et défiler avec ceux qui en sont responsables, faut-il n’avoir rien dans le ciboulot.
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Le point commun entre ces manifestants : ne pas avoir fait suffisamment d’études. Enfants, ils étaient contre la dictature scolaire, refusant les devoirs à faire, les leçons à apprendre, les contrôles à préparer.
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Ces crieurs de « Liberté » ont quasiment tous une laisse électronique. Dont ils font dans les manifestations des caméras de surveillance ambulantes.
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Les pires, ces soignants du bas de l’échelle qui acceptent la vaccination obligatoire contre l’hépatite mais pas celle contre le Covid parce que c’est une demande de Macron.
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Il y a aussi ces parents qui refusent qu’on vaccine leurs enfants. Parmi lesquels des Témoins de Jéhovah. J’en ai connu une lorsque j’étais directeur d’une école maternelle de Val-de-Reuil. Lors de l’inscription de son trois ans, après m’avoir présenté un certificat de contre-indication d’un médecin complaisant pour les vaccins, elle voulait obtenir de moi qu’en cas d’accident son fils ne soit pas transfusé. Je lui avais répondu que c’étaient les soignants qui décidaient.
J’ai retrouvé cette femme vingt ans après, divorcée et complétement changée, dans le milieu artistique rouennais. N’ayant pas eu l’occasion d’être seul avec elle, je n’ai pu l’interroger sur sa complète transformation. Le divorce a suffi peut-être. Je n’ai jamais parlé de son passé à nos connaissances communes.
Quant à son fils, qui à trois ans lors des anniversaires en classe allait s’asseoir par terre dans un coin et s’y tenait les bras croisés en faisant la tronche tant que durait la petite fête, il est devenu chanteur de rap.