Rencontre Rouen Stockholm

24 octobre 2017


Ce lundi est la journée où je fais la démonstration que je peux être sociable une fois par an. L’ami de Stockholm est le premier à me rejoindre au Bovary, rue du Bec, vers dix heures moins le quart, puis arrive l’homme au chapeau. Nous prenons un café croissant tout en évoquant divers sujets qui nous tiennent à cœur (comme on dit). Il doit être plus d’onze heures quand arrive la compagne du premier car le serveur, qui a déjà dressé toutes les autres tables en vue du déjeuner, commence à montrer des signes d’impatience. Il ne cache plus du tout son envie de nous voir partir quand nous rejoint un autre couple qu’il serait plus juste de qualifier de duo. Cela tombe bien, il est midi. Nous allons déjeuner ailleurs, à la Coccina, dans l’Espace du Palais. Nous y jouons le rôle de la tablée la plus bruyante. Parler à six, cela relève de la performance. Il est des moments où je m’évade mentalement, notamment pendant un tunnel consacré au cinéma. Un cinéaste dont je ne retiens pas le nom suscite des échanges passionnés. Pour le voir, l’ami de Stockholm serait prêt à aller aux obsèques de Danielle Darrieux à Bois-le-Roi (Eure) ce mardi matin ; car il y sera, assure-t-il. Nul n’est prêt à l’accompagner. A l’issue du repas, le duo va de son côté et, véritable bande des quatre, nous débarquons à la bouquinerie Les Mondes Magiques, rue Beauvoisine. Sortis de là sans achat, nous prenons une boisson chaude au Citizen, rue de l’Ecureuil, dont la clientèle est uniquement lycéenne et où le serveur sitôt le café bu ôte la tasse de la table. Il est seize heures trente quand nous nous séparons. Jamais nous ne sommes restés aussi longtemps ensemble.
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« On décide d'écrire parce qu'il y a quelque chose qui cloche, sinon on se contenterait de vivre. » Patrick Modiano dans Le Temps des écrivains ce samedi après-midi sur France Culture.