Rentrée au Vieux Marché

3 septembre 2021


Je choisis cette journée ensoleillée de rentrée scolaire, de quoi en dégoûter plus d’un(e), pour renouer avec la place du Vieux Marché où je n’ai pas mis le pied depuis mars deux mille vingt. Ce pied est toujours douloureux.
Le bouquiniste du Rêve de l’Escalier ne semble pas surpris de me revoir. Je fais le tour de la boutique où le principal changement est l’extension du domaine du désordre. Des livres empilés un peu partout n’incitent pas à fureter. Des cartons encombrent les accès à certains rayons, heureusement que je suis le seul à m’y déplacer. Je demande au maître des lieux s’il a journaux et correspondances. Il me répond par la négative. « Ça part vite », ajoute-t-il. Je pense plutôt que ça ne rentre pas souvent. A part moi, qui en lit à Rouen ?
En face, le bar Le Sacre a étendu sa terrasse. Des perchoirs ont fait leur apparition près de la salle, là où il est impossible de lire à cause de la musique exotique forte. Au-dessus des tables et chaises à l’ancienne sont déployés six grands parasols publicitaires en plastique recyclé à la gloire de la bière Affligeante. C’est là que je commence la lecture de la correspondance de Tchekhov. J’ai bon pied bon œil, écrit celui-ci à son cousin. Tout le contraire de moi. Il est jeune et ne sait pas ce qui l’attend.
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(vieux, marché, deux mots qui résonnent désagréablement à mes oreilles)