Thierry Ardisson, animateur de télévision, est mort. Je n’ai rien à dire sur lui. Je n’ai jamais regardé une de ses émissions. D’autres ont leur avis. Ainsi une qui le traite de porc pour certaines choses qu’il a dites lors d’une émission de mil neuf cent quatre-vingt-quinze. Et toutes et tous de renchérir. Où donc était-elle en mil neuf cent quatre-vingt-quinze ? Peut-être devant la télé le regardant, pas du tout choquée par ce qu’elle entendait. Si elle n’y était pas, des centaines de milliers y étaient, pas du tout choqués par ce qu’ils entendaient et aujourd’hui trouvant cela scandaleux. Nombreux sont celles et ceux qui pensent dans le sens du vent plutôt que par eux-mêmes. C’est l’un des signes de l’époque. Je préfère m’aérer l’esprit en lisant, dans Mémoires de l’inachevé, les lettres de Grisélidis Réal. Elle fut l’une des invitées de l’Ardisson. C’est là que, la première, elle a évoqué la vie sexuelle de l’abbé Pierre. Tous les bien-pensants lui sont tombés dessus.
Je pense qu’à l’époque des Romains, la législation était moins con, les gens se livraient tranquillement au « péché » dans les hautes classes – si on tue la bête dans l’homme, on tue aussi l’ange, car il faut les deux, l’un n’existe pas sans l’autre … (à Maurice Chappaz, Genève, le premier décembre mil neuf cent soixante-quatre)
Il paraît qu’on manque énormément de personnel pour l’enseignement primaire ici, l’État engage et paie pendant trois ans des études et des stages aux personnes désireuses de travailler par la suite dans l’enseignement.
Ah, si l’on pouvait me prendre, malgré mon casier judiciaire, mes enfants illégitimes et mes dossiers de police ! Nous serions sauvés, ce travail, même ingrat, je le ferais avec joie car il est socialement constructif. (à Maurice Chappaz, Genève, le douze juillet mil neuf cent soixante-six)
Je vis dans un perpétuel enchantement en passant d’un livre d’Henry Miller, Le Cauchemar climatisé, à un autre, Souvenirs souvenirs, du même auteur, tout en continuant la lecture profonde et délicate de L’Erotisme de Georges Bataille, et en m’enfonçant de temps en temps dans les grandioses et douloureux labyrinthes poétiques de Notre-Dame des Fleurs ou Miracle de la rose de Jean Genet. Oui, c’est un vrai plaisir d’être malade, au moins on peut lire, lire, sans rien faire d’autre en étant dans son droit. (à Henri Noverraz, le trente et un janvier mil neuf cent soixante-huit)
Cela fait déjà un certain temps que je voulais vous écrire pour vous remercier du magnifique contrat qu’Etienne Delessert accompagné d’une ravissante jeune femme blonde est venu me faire signer dans ma cuisine, contrat précieux et sauveur grâce auquel, sans nul doute, j’échappe à de futurs enfers. (à Bertil Galland, Genève, le quinze juillet mil neuf cent soixante-dix)
Je te jure que je regrette le temps où j’étais Putain, où j’étais désirée, adorée, léchée, aimée, RESPECTEE et payée… Oui, c’était le bon temps ! Personne ne se foutait de moi à l’époque… ça leur aurait coûté trop cher à ses Messieurs, c’était DEJA assez cher comme ça. (à Henri Noverraz, le vendredi quatorze août mil neuf cent soixante-dix)
J’ai passé la nuit dans la magnifique maison d’Anne Jenny. Chessex a dû vous dire. Etienne Delessert m’a donné une lithographie si belle, si saisissante, qu’elle a droit au mur rouge du Saint des Saints, mon alcôve, oui, me faisant face au-dessus du lit. Je ne m’en lasserai jamais. (à Bertil Galland, Genève, le lundi douze octobre mil neuf cent soixante-dix)
A part ça, j’ai reçu le contrat de Pro Helvetia que mon Editeur m’a fait avoir. Mon bouquin, mes aventures de courtisane à Munich parmi les soldats Noirs m’est donc commandé, payé par la Suisse bien-pensante ! Quelle farce ! (à Henri Noverraz, Genève, le six novembre mil neuf cent soixante-dix)
La vie est un assassinat permanent ! Et quand on n’est pas assassiné par les autres, on s’assassine soi-même ! (au même destinataire le même jour)
Je me rappelle avec nostalgie le Bordel de Munich où je fonctionnais comme Putain pour les soldats – il y avait aussi des capitaines, des sergents, des étudiants et même des bandits. Des Nègres, je me souviens de leurs bras, de leur douceur, de leurs violences, de leurs sexes jamais fatigués, de leur cœur ruisselant de tendresse. Ah j’étais aimée, léchée, dévorée du haut en bas par des langues, des mains et des tiges infatigables !
Je HAIS l’Europe et plus particulièrement la Suisse, ce pot de chambre où croupissent les refoulements et les tristesses avares. Il est temps qu’on foute le camp, qu’on lève l’ancre de ce fumier dégoulinant de petit confort merdeux, qu’on appareille vers l’amour, le soleil, les voluptés sans limite ! Oui foutons le camp, ne serait-ce qu’en pensée, de cet amalgame de détritus ! (à D. , Genève, le vingt-sept janvier mil neuf cent soixante et onze)
Nous sommes tout à la fois leur mère incestueuse, leur sœur incestueuse, leur femme-putain, avec nous ils peuvent tout se permettre : leur lécher le cul, les couilles, leur enfiler le doigt bien profond pour faire vibrer leur petite prostate si sensible – leur réciter des saloperies rituelles qu’ils n’osent pas demander à leur femme – ils peuvent se livrer sur nous à tous les attouchements interdits… nous sommes là pour ça, maquillées, parfumées, visibles jusque dans nos moindres recoins les plus « déchus » (et il faut savoir que certaines Putains d’âge avancé, même vieilles, grosses, dégueulasses, sales, gagnent autant d’argent et même plus parfois – par petites sommes, et d’ailleurs pas fatalement – que les Putains les plus belles, jeunes, bandantes à première vue comme des Brigitte Bardot). (à Jacques Dominique Rouiller, Genève, le vingt-six mai mil neuf cent soixante-dix-sept)
Je pense qu’à l’époque des Romains, la législation était moins con, les gens se livraient tranquillement au « péché » dans les hautes classes – si on tue la bête dans l’homme, on tue aussi l’ange, car il faut les deux, l’un n’existe pas sans l’autre … (à Maurice Chappaz, Genève, le premier décembre mil neuf cent soixante-quatre)
Il paraît qu’on manque énormément de personnel pour l’enseignement primaire ici, l’État engage et paie pendant trois ans des études et des stages aux personnes désireuses de travailler par la suite dans l’enseignement.
Ah, si l’on pouvait me prendre, malgré mon casier judiciaire, mes enfants illégitimes et mes dossiers de police ! Nous serions sauvés, ce travail, même ingrat, je le ferais avec joie car il est socialement constructif. (à Maurice Chappaz, Genève, le douze juillet mil neuf cent soixante-six)
Je vis dans un perpétuel enchantement en passant d’un livre d’Henry Miller, Le Cauchemar climatisé, à un autre, Souvenirs souvenirs, du même auteur, tout en continuant la lecture profonde et délicate de L’Erotisme de Georges Bataille, et en m’enfonçant de temps en temps dans les grandioses et douloureux labyrinthes poétiques de Notre-Dame des Fleurs ou Miracle de la rose de Jean Genet. Oui, c’est un vrai plaisir d’être malade, au moins on peut lire, lire, sans rien faire d’autre en étant dans son droit. (à Henri Noverraz, le trente et un janvier mil neuf cent soixante-huit)
Cela fait déjà un certain temps que je voulais vous écrire pour vous remercier du magnifique contrat qu’Etienne Delessert accompagné d’une ravissante jeune femme blonde est venu me faire signer dans ma cuisine, contrat précieux et sauveur grâce auquel, sans nul doute, j’échappe à de futurs enfers. (à Bertil Galland, Genève, le quinze juillet mil neuf cent soixante-dix)
Je te jure que je regrette le temps où j’étais Putain, où j’étais désirée, adorée, léchée, aimée, RESPECTEE et payée… Oui, c’était le bon temps ! Personne ne se foutait de moi à l’époque… ça leur aurait coûté trop cher à ses Messieurs, c’était DEJA assez cher comme ça. (à Henri Noverraz, le vendredi quatorze août mil neuf cent soixante-dix)
J’ai passé la nuit dans la magnifique maison d’Anne Jenny. Chessex a dû vous dire. Etienne Delessert m’a donné une lithographie si belle, si saisissante, qu’elle a droit au mur rouge du Saint des Saints, mon alcôve, oui, me faisant face au-dessus du lit. Je ne m’en lasserai jamais. (à Bertil Galland, Genève, le lundi douze octobre mil neuf cent soixante-dix)
A part ça, j’ai reçu le contrat de Pro Helvetia que mon Editeur m’a fait avoir. Mon bouquin, mes aventures de courtisane à Munich parmi les soldats Noirs m’est donc commandé, payé par la Suisse bien-pensante ! Quelle farce ! (à Henri Noverraz, Genève, le six novembre mil neuf cent soixante-dix)
La vie est un assassinat permanent ! Et quand on n’est pas assassiné par les autres, on s’assassine soi-même ! (au même destinataire le même jour)
Je me rappelle avec nostalgie le Bordel de Munich où je fonctionnais comme Putain pour les soldats – il y avait aussi des capitaines, des sergents, des étudiants et même des bandits. Des Nègres, je me souviens de leurs bras, de leur douceur, de leurs violences, de leurs sexes jamais fatigués, de leur cœur ruisselant de tendresse. Ah j’étais aimée, léchée, dévorée du haut en bas par des langues, des mains et des tiges infatigables !
Je HAIS l’Europe et plus particulièrement la Suisse, ce pot de chambre où croupissent les refoulements et les tristesses avares. Il est temps qu’on foute le camp, qu’on lève l’ancre de ce fumier dégoulinant de petit confort merdeux, qu’on appareille vers l’amour, le soleil, les voluptés sans limite ! Oui foutons le camp, ne serait-ce qu’en pensée, de cet amalgame de détritus ! (à D. , Genève, le vingt-sept janvier mil neuf cent soixante et onze)
Nous sommes tout à la fois leur mère incestueuse, leur sœur incestueuse, leur femme-putain, avec nous ils peuvent tout se permettre : leur lécher le cul, les couilles, leur enfiler le doigt bien profond pour faire vibrer leur petite prostate si sensible – leur réciter des saloperies rituelles qu’ils n’osent pas demander à leur femme – ils peuvent se livrer sur nous à tous les attouchements interdits… nous sommes là pour ça, maquillées, parfumées, visibles jusque dans nos moindres recoins les plus « déchus » (et il faut savoir que certaines Putains d’âge avancé, même vieilles, grosses, dégueulasses, sales, gagnent autant d’argent et même plus parfois – par petites sommes, et d’ailleurs pas fatalement – que les Putains les plus belles, jeunes, bandantes à première vue comme des Brigitte Bardot). (à Jacques Dominique Rouiller, Genève, le vingt-six mai mil neuf cent soixante-dix-sept)