Saint-Brieuc (huit) : le vieux quartier

9 septembre 2025


Un programme prudent ce lundi, le jour où beaucoup de cafés et de restos sont fermés où que ce soit. Je ne me risque pas ailleurs qu’à Saint-Brieuc. Un achat de pain au chocolat chez Les Gallo’Pains et direction le Bistrot de la Poste où, comme dans les rues, ce n’est pas la foule. Le contraste est grand entre Colmar hors saison et Saint-Brieuc hors saison. Peu de touristes dans cette dernière. Globalement, la ville vivote. De nombreuses cases commerciales restent vides après la faillite des boutiques les ayant occupées. Personne pour remplacer France Loisirs.
Je décide d’aller voir à quoi ressemble le Parc des Promenades. Je le rejoins par la rue Saint-Benoît et découvre un banal jardin public sans fleurs qui inclut le Palais de Justice. En deux mille neuf, la partie nord, dite « esplanade du théâtre de verdure » a été renommée « esplanade Patrick Dewaere » (il est né à Saint-Brieuc). On trouve aussi dans ce jardin (il faut le savoir, son nom n’est inscrit nulle part) un buste d’Auguste de Villiers de l'Isle-Adam (il est né à Saint-Brieuc). Je me pose sur un banc au soleil pour lire Balzac Au moment où je vous écris, la France est ruinée pour longtemps et nous attendons de l’Assemblée nationale. Cette phrase est bizarre, j’ai peut-être oublié de noter la fin. (Quand je l’écrivais sur mon carnet un semi-clochard est venu me soûler, que j’ai envoyé bouler)
Le moment venu de prendre un nouveau café, je suis bien aise de trouver Le Père Moustache ouvert, dont la terrasse est au soleil.
Je me dirige ensuite vers le vieux quartier du faubourg, au-delà de la Cathédrale, où l’on trouve quelques belles maisons à pans de bois, notamment place Anna-Politkovskaia « journaliste russe, militante des droits de l’homme, assassinée 7 octobre 2006 à Moscou ». Je retrouve là Auprès de mon Arbre, café que j’ai fréquenté lors d’un précédent voyage, place Louis-Guilloux, avec sa belle terrasse sous le bel arbre, un noyer du Caucase. Malheureusement, il n’ouvre désormais que le soir. Le ouiquennede prochain on y chantera Brassens. Au programme : La 5G, Les Amis de Brassens, quatre scènes ouvertes et place aux amateurs. Ce sera sans moi. Georges Brassens a aussi par-là un passage à son nom. Les Halles, entre la Cathédrale et le Transat Kafé, le portent aussi.
Pour déjeuner, je retourne au Comptoir du Père Moustache (son nom complet). Au menu du jour : œufs mimosa, suprême de poulet avec pommes sautées et encore la panna cota. Je fais remarquer au serveur que le dessert est toujours le même et qu’en conséquence je n’en prendrai pas, me contentant de l’entrée plat à quinze euros quatre-vingt-dix. Je mange au soleil et dans le vent. « Tout se délite en ce moment. Moi, je suis effrayée », déclare l’une des vieilles derrière moi. Côté nourriture, c’est un peu moins bien que la fois précédente.
Après avoir réglé, je m’installe à une table ensoleillée au Transat Kafé pour le café et la lecture des Lettres à Madame Hanska. Je n’ai pas pu voir Lamartine, il était au lit et dormait, à 11 heures. Un six sept ans sortant du bar avec son père lui demande : « Est-ce que ce sera la fin du monde quand je serai grand ? »
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C’en est fini de Bayrou, Premier Ministre auto-nommé puis auto-dissous, une parenthèse avec du vide à l’intérieur.