Saint-Brieuc (seize) : Quintin, exposition Lise Levitsky

17 septembre 2025


Deuxième passage à Quintin ce mardi, le car BreizhGo Deux Cent Cinq me dépose au lieu-dit La Vallée. Le marché va tranquillement, comme la semaine dernière.
Au début de la Grande Rue, au rez-de-chaussée d’une belle demeure à pans de bois, est la librairie Le Marque Page, vaste et chaleureuse, tenue par un libraire à lunettes rouges et bonne tête. « Je viens voir l’exposition », lui dis-je. « C’est tout au fond. » Je lui demande si je peux prendre des photos. « Oui, bien sûr. »
Je ne connais qu’un tableau de Lise Levitsky, celui que j’ai vu sur le site du Télégramme, son autoportrait. Il me plaît. C’est lui que l’on rencontre sur la droite dans l’avant-dernière salle. Dans la dernière se trouve le reste de son œuvre picturale, de l’abstraction géométrique. Rien d’original mais ça se regarde.
L’exposition est visible depuis le début du mois. Rien n’est vendu. Le livre d’or n’a été signé que par trois personnes. J’ajoute une trace de mon passage : « Une belle initiative » et je signe. Cette initiative est due à la filleule de l’artiste, Sophie Alexinsky, et au libraire, Gilles Perrotin. Lise Levitsky vivait non loin de Quintin, à Plœuc-Lhermitage (dans la partie Lhermitage), m’apprend-il.
Elisabeth Levitsky, dite Lise, dite Elisa, apprentie peintre et future psychanalyste, rencontra Lucien Ginsburg lors d'un cours de peinture en mars mil neuf cent quarante-sept. Elle avait alors vingt et un ans, le futur Serge Gainsbourg étant de deux ans son cadet. Elle fut sa première femme entre mil neuf cent cinquante et un et mil neuf cent cinquante-sept. D’après sa filleule, Gainsbourg continua à la voir jusqu’à sa mort. Il est dit aussi que c’est à propos d’elle qu’il écrivit Elisa, mais ça ne colle pas, me dis-je, puisqu’il est question d’un homme de quarante ans et d’une femme de vingt dans cette chanson (on va dire que je cherche des poux).
J’écris cela au Toujours un P’tit Trou où je prends un café verre d’eau parmi les locaux qui papotent après leurs courses, une tablée d’hommes, une tablée de femmes. Ces dernières parlent d’un homme. « A trente-cinq ans, il a jamais eu personne. Bizarre. »
C’est encore un temps de nuages et d’éclaircies. Il me permet de faire le tour de l’étang. A l’issue, je prends place sur un banc en face de celui-ci et sors Balzac de mon sac. Comme j’ai été heureux quand je me suis trouvé en wagon. écrit-il à Madame Hanska tandis qu’il voyage vers elle. C’est la lettre Quatre Cent Quarante-Quatre. Elle est suivie d’une note : « On vient de lire la dernière lettre de Balzac à Madame Hanska qu’il ne quittera plus. Il l’épousera en Ukraine le 14 mars 1850 avant de regagner Paris avec elle pour y mourir. »
Il est onze heures trente. Je passe réserver à La Vallée puis retourne m’asseoir sur un banc près de l’étang. Une jeune et jolie sportive me dit bonjour puis en fait le tour en courant à fond. Sa queue de cheval va de gauche à droite comme un métronome. Elle en est à son huitième tour quand elle s’arrête. Il est midi moins cinq, je me lève et traverse la route.
J’ai la même table à l’extérieur. Le buffet d’entrée a été renouvelé et est accompagné par une délicieuse mayonnaise maison. En plat du jour, je choisis la langue de bœuf frites salade et en dessert, la crème caramel.
Il me reste une demi-heure, que je passe au bord de l’étang, avant que le car du retour arrive. Il me dépose à la Gare Routière de Saint-Brieuc. J’enjambe les voies ferrées par la passerelle et entre au Bistrot Gourmand pour boire un café et lire les appendices de la correspondance de Balzac avec Madame Hanska, d’abord l’inventaire de son appartement de la rue Fortunée puis les lettres de celle-ci envoyées de France à sa fille Anna avant et après la mort de l’écrivain. J’apprends ainsi qu’Eve Hanska, devenue Madame de Balzac, s’est vite consolée, d’abord avec le jeune Champfleury qui projetait d’écrire une étude à la mémoire de Balzac, puis avec le peintre Jean Gigoux.
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Dans la librairie Le Marque Page, une affiche du libraire pour se plaindre des vols de livres. Il a dû installer des caméras.