Saint-Brieuc (treize) : Pointe du Grouin

14 septembre 2025


Je suis seul avec le chauffeur du bus Vingt durant tout le voyage ce samedi matin. Je descends encore une fois à Hillion Centre. Après le même petit-déjeuner qu’hier, fourni par Le Fournil d’Hillion et consommé sur le banc face à la Mairie, je descends le chemin de l’Hôtellerie, passe devant le cimetière et arrive à la plage.
Je prends le Géherre vers la droite. La mer est basse. Autrement dit, elle est absente. Ce qui permet aux oiseaux de vasouiller. A hauteur de la Maison de la Baie, un panneau indique la Pointe de la Guette à une heure de marche, davantage pour un vieux comme moi.
Je me lance malgré le risque d’une averse. Pour l’instant, le soleil fait le timide entre deux nuages. C’est un sentier douanier comme je les aime avec montées et descentes modérées. Il suit de près le rivage et permet d’admirer la côte découpée. Je passe par la plage de Saint-Guimond et son lavoir puis devant les ruines d’un abri de douaniers. Il faut longtemps avant qu’un coureur me rattrape. Je croise ensuite un vieux couple à bâtons. Avant la Pointe des Guettes, il y aura la Pointe du Grouin. Je pense que ça me suffira.
Je reste un long moment au bout de cette Pointe du Grouin où j’ai des souvenirs. Assis sur le banc de la plateforme, je reprends des forces en regardant l’autre côté de la baie sur lequel s’abat une averse. Quand ça se dégage apparaît un timide arc-en-ciel que je tente de photographier. En face, c’est Langueux, une partie de Saint-Brieuc, la sortie du Port du Légué, Plérin et la Pointe du Roselier. Je suis seul à disposer de ce panorama jusqu’à ce qu’arrive un couple un peu mieux équipé que moi, elle et lui portent des cirés bretons.
Il faut revenir. La mer est montée et le vent s’est levé. Le ciel est dégagé. Je rencontre plusieurs coureurs et une marcheuse au téléphone : « Là, je suis en train de marcher avec le chien ». « Eh ouais ! Avec le chien ! Je suis en train de marcher et je suis au téléphone comme une idiote ! », lui dis-je en la croisant. Je ne vois pas pourquoi je devrais rester silencieux quand d’autres font du bruit.
Il est pile onze heures quand j’aborde Hillion. Direction La Vieille Auberge où je demande au sympathique patron s’il aurait une place pour moi à midi. C’est oui. En attendant, je prends un café (un euro quarante) et lis Balzac dans la salle de bar de cet établissement caché indiqué nulle part.
Comme déjeuner, je choisis une pizza reblochonne à quatorze euros. Elle est couverte d’énormes tranches de reblochon. Si on ne voit rien de l’extérieur dans cette salle, on entend la drache qui tape sur la toiture.
Quand j’en ai terminé, l’averse aussi. En compagnie d’une autochtone, j’attends le bus de treize heures cinq pour Saint-Brieuc. « Attendez, je reviens », nous dit le chauffeur qui disparaît dans les buissons. Pas de toilettes publiques ailleurs que devant l’église à Hillion. Une nouvelle pluie diluvienne nous arrose en chemin mais elle a cessé quand je descends en bas du boulevard Clemenceau. Plus qu’à remonter jusqu’à la Gare pour un café Balzac au Bistrot Gourmand.
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Le dicton du jour : La Pointe du Grouin, tu n’iras pas plus loin.