Mon séjour à Saint-Brieuc va doucement vers la fin. Je quitterai prochainement mon bizarre logis Air Bibi où je suis exposé comme dans une vitrine. Était-ce une boutique avant ? Ou un garage ? Heureusement, personne en passant ne regarde à l’intérieur. C’est un bel endroit avec un mur de pierre et un confort relatif. Ainsi, pas d’évier dans le coin cuisine. Il faut faire la vaisselle dans le lavabo de la salle d’eau. Ce qui se résume pour moi à laver un verre et un couteau. Cependant, tout y est récent et le prix de la nuitée n’est que de vingt-cinq euros.
J’en sors de nuit ce mercredi matin, voulant prendre un bus à huit heures sept. Eh bien non, il se met à pleuvoir peu avant huit heures, ce qui me conduit à ajourner mon projet. A la place, je vais une nouvelle fois à Quintin avec le car Deux Cent Cinq de huit heures quarante.
Comme la pluie s’est provisoirement arrêtée à l’arrivée, je fais le tour de l’étang dans le sens des aiguilles de la montre, longeant le Gouët (car pas de doute c’est bien lui) entre l’heure et la demie.
Aux premières gouttes, je monte dans le bourg, m’arrête à la Pharmacie du Centre pour un renouvellement de médicaments puis au Toujours un P’tit Trou. Il est dix heures moins dix. Après le café, je retrouve Toulet. En mil huit cent quatre-vingt-onze, il voyage en Espagne. Le train s’arrête devant un appareil de toits violemment silhouettés sur un couchant qui saigne. Deux ou trois déprimés cherchent quoi se dire « T’as vu, Claudia Cardinale est morte. » Pas de groupe de sportives et sportifs envahissants comme hier au Légué. Il faut pourtant que l’auteur de la thèse sur la dérive des continents envoyée à l’Onu vienne me saouler : « Pardon monsieur, vous êtes un grand lecteur ? Je suis écrivain local si ça vous intéresse. » Je l’envoie paître.
Dehors, ça pleut ou ça ne pleut pas. Vers onze heures trente, je remballe et descends à La Vallée où, ma table réservée, je reste boire un autre café (un euro quarante) tandis que ça pleut dur. « Un coup de pinard », demande un vieux d’ici au comptoir.
Cette fois, je déjeune à l’intérieur, une grande salle dans laquelle les ouvriers, avant même d’avoir une table et de poser leur veste, foncent sur le buffet d’entrées. Comme plat, j’opte pour les lasagnes à la bolognaise (fort bonnes) et comme dessert, je vais chercher une crème brûlée (décevante).
Quand je sors, une éclaircie me permet un nouveau tour d’étang que j’effectue en passant par l’autre rive du Gouët, ce qui est un peu risqué car la pente est glissante. Mon banc préféré ayant séché grâce au vent, j’y attends sous un soleil intermittent le BreizhGo de treize heures trente-deux.
Je ne suis pas le seul à y monter. Une vingtaine de lycéens font de même, nous sommes mercredi, les cours se terminent plus tôt. Que des garçons qui n’ont pas une tête de bon élève mais n’en sont pas moins calmes et tranquilles.
*
La petite polémique du jour : Charlotte Gainsbourg a-t-elle le droit de jouer le rôle de Gisèle Halimi ? Elle ne serait pas assez pro-palestinienne.
Depuis quand une comédienne doit-elle avoir les idées de son rôle ! Faut-il prendre une anarchiste pour jouer Louise Michel ? Une catholique pour jouer Jeanne d’Arc ? Une négationniste pour jouer Leni Riefenstahl ?
Ce siècle de la morale et de la vertu ne cesse de me consterner.
J’en sors de nuit ce mercredi matin, voulant prendre un bus à huit heures sept. Eh bien non, il se met à pleuvoir peu avant huit heures, ce qui me conduit à ajourner mon projet. A la place, je vais une nouvelle fois à Quintin avec le car Deux Cent Cinq de huit heures quarante.
Comme la pluie s’est provisoirement arrêtée à l’arrivée, je fais le tour de l’étang dans le sens des aiguilles de la montre, longeant le Gouët (car pas de doute c’est bien lui) entre l’heure et la demie.
Aux premières gouttes, je monte dans le bourg, m’arrête à la Pharmacie du Centre pour un renouvellement de médicaments puis au Toujours un P’tit Trou. Il est dix heures moins dix. Après le café, je retrouve Toulet. En mil huit cent quatre-vingt-onze, il voyage en Espagne. Le train s’arrête devant un appareil de toits violemment silhouettés sur un couchant qui saigne. Deux ou trois déprimés cherchent quoi se dire « T’as vu, Claudia Cardinale est morte. » Pas de groupe de sportives et sportifs envahissants comme hier au Légué. Il faut pourtant que l’auteur de la thèse sur la dérive des continents envoyée à l’Onu vienne me saouler : « Pardon monsieur, vous êtes un grand lecteur ? Je suis écrivain local si ça vous intéresse. » Je l’envoie paître.
Dehors, ça pleut ou ça ne pleut pas. Vers onze heures trente, je remballe et descends à La Vallée où, ma table réservée, je reste boire un autre café (un euro quarante) tandis que ça pleut dur. « Un coup de pinard », demande un vieux d’ici au comptoir.
Cette fois, je déjeune à l’intérieur, une grande salle dans laquelle les ouvriers, avant même d’avoir une table et de poser leur veste, foncent sur le buffet d’entrées. Comme plat, j’opte pour les lasagnes à la bolognaise (fort bonnes) et comme dessert, je vais chercher une crème brûlée (décevante).
Quand je sors, une éclaircie me permet un nouveau tour d’étang que j’effectue en passant par l’autre rive du Gouët, ce qui est un peu risqué car la pente est glissante. Mon banc préféré ayant séché grâce au vent, j’y attends sous un soleil intermittent le BreizhGo de treize heures trente-deux.
Je ne suis pas le seul à y monter. Une vingtaine de lycéens font de même, nous sommes mercredi, les cours se terminent plus tôt. Que des garçons qui n’ont pas une tête de bon élève mais n’en sont pas moins calmes et tranquilles.
*
La petite polémique du jour : Charlotte Gainsbourg a-t-elle le droit de jouer le rôle de Gisèle Halimi ? Elle ne serait pas assez pro-palestinienne.
Depuis quand une comédienne doit-elle avoir les idées de son rôle ! Faut-il prendre une anarchiste pour jouer Louise Michel ? Une catholique pour jouer Jeanne d’Arc ? Une négationniste pour jouer Leni Riefenstahl ?
Ce siècle de la morale et de la vertu ne cesse de me consterner.