C’est le jour de la Comtesse. Le seul jour du mois d’octobre où la mer sera bien descendue au moment de mon trajet matinal entre la Plage du Casino et le Port du Portrieux, libérant la plage, le seul moyen d’accès depuis que l’escalier en bas du Château de Calan (la turquerie) est interdit pour raison d’insécurité.
Chez les habitués du Quay des Brunes, on parle de la pluie à partir de dimanche. Ça va être la fin. C’est le moment de tondre sa pelouse et de finir sa dalle.
La mer est suffisamment basse lorsque j’arrive à la Plage de la Comtesse. Quand j’y descends, j’y trouve une femme et son chien. L’animal me fonce dessus en gueulant. « Je sais pas ce qu’il a, il fait jamais ça », me dit cette menteuse. « Vous emmerdez le monde avec vos chiens », lui réponds-je. « En plus, ajouté-je, ils sont interdits sur cette plage ». « Interdits tolérés », me rétorque cette rebelle qui a une tête à voter Retailleau.
Après avoir marché un moment sur le sable, j’arrive au plan incliné qui permet d’accéder à l’Ile de la Comtesse. Je fais le tour de celle-ci sous un soleil hésitant. De belles ruines et plus de méchante Comtesse pour chasser les intrus (je la remplace en ce qui concerne les chiens). Un système d’éclairage permettait de voir les vestiges la nuit, il est dégradé. Un banc serait le bienvenu pour s’asseoir face à l’Ile Harbour dont on est au plus près. Je suis heureusement seul, comme chaque fois que j’ai parcouru l’Ile de la Comtesse.
Je redescends prudemment la rampe d’accès et traverse une plage sans chien pour rejoindre le Géherre. Un détour par les Plaisanciers pour retenir une table à midi et direction le Poisson Rouge où, même si j’arrive plus tard qu’à l’ordinaire, je suis seul en terrasse.
Je reprends ma lecture des nouvelles de Vialatte, trouvant parfois une petite chose pour me plaire. Sa mère regretta de l’avoir fait si petit. S’il avait été de taille normale, la balle se serait peut-être égarée dans le poumon.
Aux Plaisanciers, après le buffet d’entrées, c’est poulet rôti et un moelleux à la pomme que je mange près d’un trio d’affranchis rattrapés par l’âge, des vulgos comme je les nomme in petto. Je suis content de m’en éloigner pour aller m’asseoir à la terrasse, le soleil apparu, de L’Ecume. J’y rouvre Vialatte : Ainsi voûté, tassé, aplati, déjeté, il avait l’air d’un pâté de sable écrasé par un grand coup de pelle.
C’est une belle après-midi ensoleillée. Je l’achève sur mon banc bleu du muret au lézard. La mer monte. La plage disparaît peu à peu. La Comtesse sera bientôt entourée d’eau. S’il en est un qui n’usurpe pas sa réputation, c’est le lézard.
*
Dommage que je n’aie pas connu l’Ile de la Comtesse lorsque j’étais bien accompagné. L’occasion aurait été belle d’y rester seul avec elle pendant une marée haute et, sans craindre d’être surpris par quiconque, de s’y livrer à des folies sexuelles en plein air.
Chez les habitués du Quay des Brunes, on parle de la pluie à partir de dimanche. Ça va être la fin. C’est le moment de tondre sa pelouse et de finir sa dalle.
La mer est suffisamment basse lorsque j’arrive à la Plage de la Comtesse. Quand j’y descends, j’y trouve une femme et son chien. L’animal me fonce dessus en gueulant. « Je sais pas ce qu’il a, il fait jamais ça », me dit cette menteuse. « Vous emmerdez le monde avec vos chiens », lui réponds-je. « En plus, ajouté-je, ils sont interdits sur cette plage ». « Interdits tolérés », me rétorque cette rebelle qui a une tête à voter Retailleau.
Après avoir marché un moment sur le sable, j’arrive au plan incliné qui permet d’accéder à l’Ile de la Comtesse. Je fais le tour de celle-ci sous un soleil hésitant. De belles ruines et plus de méchante Comtesse pour chasser les intrus (je la remplace en ce qui concerne les chiens). Un système d’éclairage permettait de voir les vestiges la nuit, il est dégradé. Un banc serait le bienvenu pour s’asseoir face à l’Ile Harbour dont on est au plus près. Je suis heureusement seul, comme chaque fois que j’ai parcouru l’Ile de la Comtesse.
Je redescends prudemment la rampe d’accès et traverse une plage sans chien pour rejoindre le Géherre. Un détour par les Plaisanciers pour retenir une table à midi et direction le Poisson Rouge où, même si j’arrive plus tard qu’à l’ordinaire, je suis seul en terrasse.
Je reprends ma lecture des nouvelles de Vialatte, trouvant parfois une petite chose pour me plaire. Sa mère regretta de l’avoir fait si petit. S’il avait été de taille normale, la balle se serait peut-être égarée dans le poumon.
Aux Plaisanciers, après le buffet d’entrées, c’est poulet rôti et un moelleux à la pomme que je mange près d’un trio d’affranchis rattrapés par l’âge, des vulgos comme je les nomme in petto. Je suis content de m’en éloigner pour aller m’asseoir à la terrasse, le soleil apparu, de L’Ecume. J’y rouvre Vialatte : Ainsi voûté, tassé, aplati, déjeté, il avait l’air d’un pâté de sable écrasé par un grand coup de pelle.
C’est une belle après-midi ensoleillée. Je l’achève sur mon banc bleu du muret au lézard. La mer monte. La plage disparaît peu à peu. La Comtesse sera bientôt entourée d’eau. S’il en est un qui n’usurpe pas sa réputation, c’est le lézard.
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Dommage que je n’aie pas connu l’Ile de la Comtesse lorsque j’étais bien accompagné. L’occasion aurait été belle d’y rester seul avec elle pendant une marée haute et, sans craindre d’être surpris par quiconque, de s’y livrer à des folies sexuelles en plein air.