Saint-Quay-Portrieux (un) : Café de la Plage

1er octobre 2025


Un bon moment autour d’un verre d’alcool et du saucisson avec le couple de mes hôtes et leurs deux remuants garçons, lundi soir, dans leur loft ébouriffant, dont on ne devine pas l’étendue de l’extérieur. Une ancienne blanchisserie, apprends-je, d’où la vitrine de mon petit logis qui était la boutique.
Ce mardi matin, je quitte Saint-Brieuc pour aller non loin, à Saint-Quay-Portrieux, endroit où je me plais bien. Pour ce faire, je prends le car BreizhGo Deux Cent Un de neuf heures trente, après avoir une dernière fois petit-déjeuné à La Passerelle et laissé la clé Air Bibi dans la boîte aux lettres.
Le soûlant quand on voyage en car avec une valise, c’est qu’il faut la fourrer dans un coffre latéral, puis direction Paimpol. Il fait un magnifique soleil. Je revois le Port du Légué de haut, Pordic, Binic, ensuite c’est Etables-sur-Mer et enfin je touche le but.
Je descends à l’arrêt Casino avec la trouille que le chauffeur redémarre avec ma valise. Heureusement non. J’ai rendez-vous avec mon logeur à douze heures quinze, alors direction le Café de la Plage, inchangé, avec sa terrasse de bord de mer au soleil. De là, je fais ma première photo de la superbe piscine d’eau de mer dont le plongeoir se reflète dans le bassin. Je réserve une table pour le déjeuner à une heure indéterminée puis bois mon premier café de Saint-Quay en terrasse près de la belle barrière blanche.
La mer descend doucement dans laquelle trois femmes en combinaison longent la côte. Trois autres en maillot se baignent. Un homme déploie le trépied de son appareil photo au-dessus de la piscine. A la table voisine, un couple. L’homme envoie un message vocal : « On t’a déjà dit de ne pas diffuser ta vie sur les réseaux sociaux, sois un peu prudente. Tu es toujours en procédure, je te rappelle. » Quelques petits bateaux se laissent porter par l’eau. Mon voisin reçoit la réponse puis commente : « J’aime profondément ma fille mais qu’est-ce qu’elle est débile. Elle se croit adulte avec sa psychologie à deux balles. »
Il faut entrer dans la cour du portail en fer forgé vert à gauche de la boulangerie, m’a écrit mon logeur. La boulangerie est celle du milieu du bourg. J’y suis avant l’heure dite évidemment. Comme je le craignais, je reçois un message de sa part m’annonçant un retard de quinze minutes à cause d’un rendez-vous prolongé. Je lui écris de faire fissa. Le Café de la Plage ferme sa cuisine à treize heures trente. Tous ces gens ont des obligations et celui qui n’en a pas les subit.
Un jeune homme très sympathique. Il me présente rapidement le logement, me montre comment utiliser la télé, déplie le canapé-lit à ma demande puis me conduit au Café de la Plage. Au menu du jour à vingt et un euros : rillettes de cochon maison, merlu tagliatelles à l’encre de sèche sauce beurre de cidre et trio de mochi. Je sors de table à quatorze heures, c’est une expérience pour moi.
En sortant, je m’installe en terrasse à la table haute près du lampadaire à goéland qui fut la mienne lors de mon précédent séjour. C’est un lieu qui conduit à observer. Je vois dans le lointain grâce au temps clair et à mes yeux neufs. Pour la première fois, j’aperçois le champ d’éoliennes marines au large de Saint-Brieuc. C’est vraiment loin, il n’y a aucune raison de s’en plaindre. Le goéland est toujours à l’œuvre. Celle qui mange tardivement en fait les frais. Après qu’il l’a ensorcelée, il fonce sur sa table. « Attention, Madame », lui crie le serveur. Trop tard. Je ne sais ce qu’il a chipé, mais il a renversé le verre de vin sur le pantalon de la dame. Le serveur lui en apporte un autre.
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Ouf, je peux à nouveau publier mon journal. L’ami d’Orléans a fait le nécessaire. Las, une mauvaise surprise m’attend. Quand je veux remettre en marche mon ordinateur, comme au retour de Colmar, il ne veut pas redémarrer.