Shak Shakembo et Juniore aux Terrasses du Jeudi rouennaises

22 juillet 2016


Troisième semaine de concerts gratuits des Terrasses du Jeudi, l’opération conjointe de la Mairie de Rouen et des patrons de cafés. Celles de l’Espace du Palais, brasseries, saladeries, sont prises d’assaut par des consommateurs bientôt déçus car lorsque la musique commence la foule de ceux qui ne sont pas clients de ces bars et restaurants se massent devant la scène et les empêchent de voir. Je trouve place près de l’homme du son. Shak Shakembo, chanteur congolais, commence seul puis est rejoint par trois musiciens et en avant la rumba. Cela me va bien, surtout la reprise dans sa langue maternelle de La Mauvaise Réputation.
Je me transporte ensuite à proximité du Son du Cor pour voir et écouter Juniore, un trio de filles (batterie, clavier, guitare) qui sont tombées dans la faille temporelle des années soixante. Je comprends peu ce que chante en français la guitariste. Le son des instruments, eux-mêmes peu distincts l’un de l’autre, écrase sa voix. Les conversations alentour n’aident pas. J’ai près de moi des jeunes buveurs de bière au godet (deux de ces godets sont siglés Conseil Régional).
-Tu vas au Festival d’Aurillac, finalement ?
-Bah, oui.
-Et c’est où ?
-Bah, à Aurillac.
Je constate une fois de plus que la plupart sont ici pour échanger des banalités avec leurs peutes et peutesses, la musique leur servant d’alibi pour faire grumeau. Les trois filles de Juniore viennent de Paris, nous dit la chanteuse, mais elles ne sont pas parisiennes (je ne sais pas si ça les gêne). Deux tiers d’entre elles n’étaient jamais venues à Rouen, elles aiment bien. Sur le programme, elles étaient cinq. Je ne sais pas où sont passées les deux autres.
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Le matin de ce jeudi, vers dix heures et quart, allant acheter mon pain chez Robergeot, je passe devant la défunte bouquinerie Thé Majuscule et la vois ouverte. A l’intérieur sont des hommes, dont certains ont une tête que je connais. Je m’approche de la porte. Un individu fait barrage avec son corps. Je devine qu’il est commissaire-priseur. Il me dit qu’on ne peut pas entrer, la vente est finie. L’atmosphère est celle d’un mauvais coup fait au petit matin.