Spectres de Josette Baïz par la Compagnie Grenade et le Quatuor Béla à l'Opéra de Rouen

19 janvier 2017


Il faut braver le froid ce mardi soir pour rejoindre l’Opéra de Rouen où la chorégraphe Josette Baïz propose Spectres par la Compagnie Grenade et le Quatuor Béla. En attendant l’ouverture des portes de la salle, on peut constater que certain(e)s ont fait les soldes (comme on dit). La vêture va du manteau de fourrure au blouson Harley-Davidson.
Un sexagénaire meuble l’attente en allant voir de près les peintures érotiques d’Alex Varenne. « Tout cela me laisse totalement indifférent », déclare-t-il à sa femme au retour. Ce qui peut se traduire par : « Pas le moindre petit début d’érection ».
J’ai place en corbeille un peu décentrée côté pair, d’où j’observe l’homme au chapeau arriver un peu tard aux chaises non numérotées. Il tournicote en une chorégraphie hésitante avant d’opter pour l’une d’où l’on voit quand même. Une autre habituée de ces chaises a reculé de nombreuses cases, étant munie de béquilles suite à un accident de sport d’hiver ou de trottoir rouennais. La voici assise en loge, où sont casés les handicapés. Un Conseiller Régional socialiste montre à sa fille comment on déplie un strapontin. Elle n’aura pas à s’y asseoir. Il bénéficie des excellents fauteuils réservés aux invités de la maison.
Spectres dure une heure. La chorégraphie de Josette Baïz, est inspirée des textes fantastiques de James, Maupassant, Hugo, Poe et Wilde. Les trois filles et les trois garçons de la Compagnie Grenade sont vêtus de blanc et évoluent sans temps faible. Les violonistes, l’altiste et le violoncelliste du Quatuor Béla sont vêtus de noir et jouent des extraits d’œuvres de Britten, Kurtág, Oswald, Crumb et Schnittke de manière dynamique (il leur arrive même de danser et très bien). Un gong, des verres musicaux et un métronome sont de la partie, ainsi que de grandes ombres projetées. Je suis complètement content à la fin et trouve que les applaudissements auraient pu durer plus longtemps mais il semble que beaucoup soient pressés de rentrer à la maison. C’est qu’il ne fait pas chaud dehors.