Un mercredi à Paris par temps presque estival (un)

13 août 2021


Un billet à sept euros pour Paris c’est possible ce mercredi, à condition de quitter Rouen à six heures vingt-six. Nous ne sommes guère nombreux dans ce train long à étage et pas plus de quatre dans la voiture où je suis.
A l’arrivée, je choisis le bus Vingt-Neuf pour rejoindre la Bastille. Il va son chemin habituel jusqu’au moment où le chauffeur annonce qu’il ne s’arrêtera plus avant Bastille. Plusieurs se précipitent dehors.
C’est par un parcours étrange qui transforme ce bus en car touristique (Beaubourg Notre-Dame Hôtel de Ville Marais) que nous nous dirigeons vers ce but. A Saint-Paul, un obstacle se présente sous la forme d’un camion de livraison. Le seul à en être énervé est un clochard.
Ce mercredi, l’été fait une nouvelle et tardive tentative pour exister. Le soleil est là quand je remonte la rue du Faubourg Saint Antoine. Le marché d’Aligre est à peine existant. Aucun vendeur de livres n’y est présent.
Il est neuf heures. Je m’installe à la terrasse du Parisii. Le patron me demande si j’ai le passe sanitaire sans désirer le voir. « Je fais confiance », dit-il. Son café est à deux euros vingt. Après l’avoir bu, j’ouvre Voyage en Italie de Jean Giono, une relecture commencée dans le train. Est-il besoin de dire que je ne suis pas venu ici pour connaître l’Italie mais pour être heureux ?
A dix heures je suis devant le rideau du Book-Off de Ledru-Rollin quand il se lève. C’est encore une journée de mauvaise pêche.
Quand j’en sors, je retourne à la Bastille, traverse la place et prends la rue Saint-Antoine jusqu’au restaurant Les Mousquetaires. En attendant midi, je vais lire sur un banc de la place des Vosges. Je ne crains qu’une chose : la gondole et tout ce qui s’ensuit. Derrière moi, sur le mur, figure cet avis : « Dans cet hôtel est née le 6 février 1626 Marie de Rabutin-Chantal, Marquise de Sévigné ».
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Je me suis efforcé de décrire le monde, non pas comme il est mais comme il est quand je m’y ajoute, ce qui, évidemment, ne le simplifie pas. (Jean Giono, Voyage en Italie)