Un mercredi à Rouen à cause d’un train en panne dans le tunnel de Bonnières

15 juin 2017


«La panne d’un train Fret sous le tunnel de Bonnières empêche la circulation des trains à destination de Paris Saint-Lazare», lis-je sur le tableau d’affichage en arrivant ce mercredi à la gare de Rouen dans l’intention d’y prendre le sept heures cinquante-neuf pour la capitale. Le train précédent n’est pas parti.
N’ayant pas envie de passer la matinée entière dans un train le plus souvent arrêté, je me rends à la billetterie et demande au guichetier si je peux échanger mon voyage contre un au même prix le lendemain. C’est impossible, me répond-il. Je fais donc annuler mes billets. La somme dépensée est automatiquement recréditée sur mon compte bancaire.
-Ça peut durer longtemps effectivement, me dit cet employé de la Senecefe, d’abord il est dans un tunnel et en plus les mécanos ne savent plus réparer les trains.
Quand je rejoins la salle des pas perdus, la voix annonce le départ du train retenu en gare depuis bien longtemps. Des voyageurs s’y précipitent, soulagés. Les malheureux, ils n’ont pas compris qu’il s’agit de désencombrer la gare pour que puisse y entrer celui que je devais prendre et qui arrive du Havre. Ce train qui part n’ira pas plus loin que la gare de Val-de-Reuil ou celle de Vernon. Il y stationnera en plein soleil jusqu’à ce que le tunnel soit dégagé.
Rouen le mercredi, ce n’est pas plus palpitant que les autres jours de la semaine, les moutards en plus. A onze heures et demie, je bénéficie néanmoins du concert de carillon hebdomadaire. Des airs de Brassens sont au programme A l’ombre du cœur de ma mie et Ballade des dames du temps jadis.
En début d’après-midi, je suis à la terrasse du Son du Cor où il faut à nouveau payer sa consommation dès qu’elle est posée sur la table. Cette fois, c’est une décision de la patronne et ça ne se discute pas. J’y lis le Journal intime de Sophie Tolstoï (Albin Michel). Près de moi sont deux lycéennes et un lycéen qui préparent l’épreuve de philo du bac en jouant au Mao, un jeu de cartes auquel je ne comprends rien.
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On me reproche de m’abstenir à l’élection. Certains sont morts pour que l’on obtienne le droit de vote. Rien que pour ça, il faut aller voter. Comme je l’ai déjà écrit, d’autres sont morts pour obtenir le droit de pratiquer une religion, cela ne m’oblige pas à en faire autant.
On me rappelle aussi qu’il y a le vote blanc et même le nul, mais quand il n’y a pas de candidat pour qui m'amène à voter (pour ou contre), je ne veux pas que ma signature figure sur le registre électoral.
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Vertu de l’abstention : grâce à celle, élevée, du premier tour des Législatives, tous les candidats (à part les deux premiers) devant faire douze et demi pour cent des inscrits pour se maintenir au deuxième tour, nombre de candidats du F-Haine en ont été privés.
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En ce qui concerne dimanche prochain, j’habiterais Rouen Sud, de l’autre côté de l’eau (comme disent certains), dans la deuxième circonscription, je ne serais pas abstentionniste, j’irais voter pour Hubert Wulfranc, Maire de Saint-Etienne-du-Rouvray, qui est un homme bien (il est communiste, qu’importe).