Un mercredi de Paris au mois d’août

7 août 2025


Le métro Quatorze est en travaux cette semaine. Je prends donc le bus Neuf qui dévie toujours le Marais et descends à Bastille. C’est Paris au mois d’août : des travaux et peu de monde dans les rues.
Personne chez Re-Read, mais ça c’est souvent. La libraire rachète de moins en moins de livres, m’en refusant un sur deux. Dans ses rayons : trop de livres invendables à quatre euros, c’est mon avis, et rien pour moi. Cela ne me surprendrait pas que cette boutique finisse mal.
Est-ce que le Book-Off de Ledru-Rollin file aussi un mauvais coton (comme on dit). Toujours est-il que je n’y trouve pas le moindre livre pour moi. Les rayonnages ne sont pas réassortis depuis des semaines.
Au Diable des Lombards n’étant plus en travaux (je me demande ce qu’on y a fait), j’y déjeune d’une rillette de thon et d’un gigot d’agneau pommes sarladaises, puis remonte du sous-sol du Book-Off de Saint-Martin avec deux livres à un euro : Tour du monde en 80 jours de Jean Cocteau (L’Imaginaire) et Voyages à l’île Maurice et La Réunion de Bernardin de Saint-Pierre (Magellan & Cie).
Au troisième, celui de Quatre Septembre, pourtant inexploré depuis un moment, c’est un seul : Les deux rives de Jean Grenier (Gallimard).
C’est décevant. D’autant que désormais, par la faute de Pécresse, un trajet de métro coûte deux euros cinquante. En trois trajets, je dépense autant que pour faire Paris Rouen avec le train Nomad. Ça n’a pas de sens.
Est-ce que mon circuit hebdomadaire parisien en a un ? C’est ce que je me demande au comptoir du Bistrot de Edmond, On y essuie les verres avec un torchon sale. « Vous avez supprimé la terrasse ? » demandé-je au serveur. « C’est pas nous, c’est la Mairie. » Il ne m’en dit pas plus. Ce n’est pas la première fois que ça leur arrive. Ils ont du mal à suivre la réglementation.
En attendant le train de seize heures quarante pour Rouen, je lis à Saint-Lazare Lettres à sa fille Myriam de Groucho Marx. Des missives publiées par celle-ci. Dans sa préface, elle se réjouit d’avoir eu un père intransigeant. Près de moi s’assoit une jeune femme cherbourgeoise qui vient de rencontrer par hasard deux connaissances cherbourgeoises. Ils rentrent chez eux, elle part au Canada depuis Orly. « C’est facile, leur dit-elle, j’ai le Quatorze qui m’emmène directement là-bas. » « Excusez-moi, lui-je, la ligne Quatorze est fermée pour travaux cette semaine. » « Oh, me dit-elle, heureusement que vous êtes là. »
C’est ce que je pense aussi.
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A peine acheté, déjà lu, le soir au jardin, Voyages à l’Île Maurice et La Réunion (cette dernière appelée alors Bourbon) de Bernardin de Saint-Pierre. Je ne me souvenais pas qu’il fût né au Havre et j’ignorais tout de sa jeunesse aventureuse. Son récit de navigation pendant les tempêtes est saisissant. Je découvre aussi que Bernardin de Saint-Pierre fut l’un des premiers à être opposé à l’esclavage. Quant à Paul et Virginie, jamais lu. Aucun goût pour ce genre de littérature sentimentalo-romantique.