Un mercredi de ciel bleu à Paris (un)

12 mai 2022


Une place en première classe pour quarante centimes de plus, cela ne se refuse pas. Aussi est-ce confortablement assis dans un fauteuil sans voisinage de la voiture Deux que je quitte Rouen sous les nuages ce mercredi matin. Après un court intermède de brouillard, le ciel bleu fait son apparition.
Un bus Vingt-Neuf électrique m’emmène à la Bastille dont je photographie le Génie de la Liberté tout là-haut puis je marche jusqu’au marché d’Aligre. Tous les livres ne sont pas encore disposés sur les tables. Je ne m’attarde pas, prends un café au comptoir du Faubourg où dans un coin est planté un drapeau que je connais trop bien.
-Vous êtes Normand ? demandé-je au patron.
-Oui, de Cherbourg. La Normandie, la plus belle région de France.
Je ne sais pas ce qu’est devenue sa dernière serveuse que je n’ai vue qu’une fois. Faute de personnel, les tasses s’accumulent sur le zinc et globalement l’établissement est de plus en plus sale. Je préférais l’époque où il était tenu par le grognon de Nasbinals (le Massif Central, la plus belle région de France).
A dix heures, je suis le seul à entrer chez Book-Off mais cette tranquillité ne dure pas, aussi y suis-je masqué. Dans les livres à un euro je mets la main sur « Je meurs d’amour pour toi… » Lettres à l’archiduchesse Marie-Christine d’Isabelle de Bourbon-Parme (Taillandier) ainsi que sur quelques autres.
A onze heures, je suis de retour à la Bastille et descends les marches pour faire quelques photos du Port de l’Arsenal. Les péniches L’air du temps et Evidence s’y côtoient. Une grue à long cou y soulève un bateau promène touristes nommé Gavroche qui a pris la tasse, cependant qu’une drague à aubes remue la vase.
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Chez Book-Off, à un euro, les livres du grand écrivain romantique Patrick Poivre (d’Arvor), parmi lesquels La mort de Don Juan.