Un mercredi de grève et de manifestation à Paris (un)

16 mars 2023


Bien content de recevoir un mail de la Senecefe m’annonçant que mes trains circuleraient en ce nouveau jour de grève, j’aurais mal supporté de ne pas aller à Paris deux mercredis de suite.
Non seulement mon sept heures vingt-quatre est là mais il s’y trouve moins de monde que d’habitude. Je peux avoir une place sans voisin immédiat. Une drache venait de tomber quand je me suis rendu à la Gare de Rouen mais en approchant de la capitale le ciel devient bleu. La cheffe de bord vérifie les titres de transport avec le sourire. Je la trouve sexy, le genre de chose que l’on ne doit plus écrire, ni dire, ni peut-être même penser, mais je ne suis pas prêt d’obéir à la nouvelle doxa. Cette jeune femme fait une annonce peu avant l’arrivée, qui  s’adresse à une navetteuse prénommée Nadine dont c’est le dernier voyage aujourd’hui pour cause de retraite. Elle la lui souhaite bonne, « loin des aléas ferroviaires ».
Le bus Vingt-Neuf est là, jouxté par des poubelles qui débordent. S’il y en a qui sont en grève, ce sont les éboueurs. Les télévisions ne cessent de gémir sur la saleté que cela engendre. Sur l’un des tas d’ordures, un quidam a collé une affichette « Merci Hidalgo ».
Arrivé à Bastille, je mets le cap sur le Marché d’Aligre. Le premier vendeur de livres, Emile Débarras, ne propose que des livres de poche à un euro. Comme ce sont des romans, ce n’est pas pour moi. Le second n’a déballé que quelques livres en vrac. Je vais boire un café au Camélia.
Au Book-Off de Ledru-Rollin, le Déplaisant n’est pas là. Je peux donc déposer mon sac derrière le comptoir et proposer huit livres à l’achat. On m’en donne six euros dix. J’en dépense quatre en achetant Fille de la campagne, l’autobiographie d’Edna O’Brien (Livre de Poche), Le monocle de Joseph Conrad de Jacques Meunier (Petite Bibliothèque Payot), Le voyeur absolu, des textes et photos d’Evgen Bavčar (Seuil) et Terre, Terre, comme il fait bon s’étendre à travers toi !, l’œuvre poétique de Jean Le Mauve (Plein Chant).
Le métro fonctionne presque normalement. J’ai tôt fait d’être à Châtelet. En attendant midi, je furète dans les livres à un euro de Boulinier et me laisse aller à racheter Benoît Misère de Léo Ferré (Robert Laffont) que j’ai eu et revendu. Il me semble qu’il y raconte avoir été abusé par un religieux durant son enfance. Ce qui n’avait fait aucun bruit à la publication en mil neuf cent soixante-dix. Je trouve aussi La Vie meurtrière, un roman de Félix Vallotton (Libretto Phébus). Il est orné de sept dessins de l’auteur.
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On ne contrôle plus les billets, on vérifie les titres de transport.
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Les aléas ferroviaires, je dois le reconnaître, sont devenus rares depuis la mise en service des nouveaux trains achetés par Hervé Morin.