Un mercredi ensoleillé de mi-novembre à Paris

16 novembre 2018


« Eloignez-vous du borduquet », ordonne la voix de la Senecefe. Le sept heures cinquante-six pour Paris entre à l’heure en gare de Rouen ce mercredi. A peine suis-je assis dans la voiture six qu’une jeune brune autoritaire exige que je change de place, c’est la sienne. J’en ai une à mon nom dans la voiture neuf mais je préfère m’installer ailleurs n’étant pas de ces voyageurs inhabituels qui se croient obligés d’être assis sur leur réservation.
Le Café du Faubourg est fermé pour une raison exceptionnelle, est-il écrit sur la porte. Je me rabats sur le Café Noisette où ne se trouvent qu’une jolie blonde qui tapote sur son ordinateur et le patron qui en même temps fait la cuisine et le service du bar. On y écoute Radio Latina et donc la pub d’Auchan pour son essence à prix coûtant jusqu’au dix-sept novembre (la démagogie n’est pas chose réservée aux politiciens).
Chez Book-Off, j’ai la chance de trouver à un euro Le Reste sans changement d’André Blanchard (Le Dilettante), qui me manquait, son dernier, et Retour à Reims de Didier Eribon, que je cherchais depuis longtemps, mais au marché d’Aligre, statuettes africaines partout, livres nulle part.
Pour déjeuner, je choisis Au P’tit Boulevard, boulevard de Sébastopol. L’endroit bénéficie du soleil et le plat du jour est gigot d’agneau flageolets. N’y mangent que des solitaires d’âge avancé et un groupe en formation à formateur démago (« Je paie le vin pour tout le monde »). Chemise ouverte sur un poitrail à poils blancs, il n’a d’yeux et de discours que pour la seule femme du groupe.
-C’était très bon, dis-je au patron en réglant d’un coup de carte sans contact mes vingt euros trente (quart de côtes-du-rhône inclus).
-On essaie de satisfaire tout le monde, me répond-il, ce n’est pas facile, même les politiciens n’y arrivent pas.
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Des ballons jaunes pour annoncer le beaujolais nouveau, c’est une couleur de saison.