Un pénible son du corps

2 août 2021


Ce samedi en début d’après-midi, je termine la lecture du deuxième tome du Journal des Goncourt en terrasse au Son du Cor à une table protégée par l’auvent des pluies intermittentes.
A ma gauche, mais heureusement éloignées, d’anciennes copines d’études se retrouvent. Leur conversation, que je ne peux entendre, est ponctuée de rires qui sonnent faux.
A ma droite, deux filles dont l’une qui tient beaucoup à faire savoir que désormais elle vit à Paris. « Trois euros », leur dit le serveur apportant les cafés. « Un seul ou les deux ? lui répond-elle, c’est que je suis déjà plus habituée aux prix d’ici. » Elles sont rejointes par une autre et deux garçons qui ont acheté des croissants : un petit-déjeuner à treize heures, l’ultime transgression. Rien à tirer de leur conversation, une suite de propos décousus relatifs à leur vie de fêtard(e)s, assortis de rires copiés collés.
Il en était de même la veille au même endroit où deux habitués de la pause-déjeuner, des fonctionnaires territoriaux mangeant pizza et sandouiche, ne pouvaient parler de leur boulot qu’avec des rires pavloviens.
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En plus il fait mauvais. A propos de la tristesse de ce jour, je ne sais qui répétait ce moi du peintre Gervex : « Ah ! quel temps !... On sucerait un homme ! » écrivait Edmond de Goncourt le dimanche vingt-neuf novembre mil huit cent quatre-vingt-cinq.
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Ce dimanche, celle qui est à ma droite au Son du Cor parle sans rire à son téléphone. Elle organise le mariage de sa sœur. « Moi, je veux bien trouver un poème, mais sur quoi ? L’amour ? La famille ? Le bonheur ? ». Sur sa table, un livre publié chez Gallimard : Croire au merveilleux de l’Ono-dit-Biot.