Un petit tour à l’Espace Carré Blanc

8 février 2021


Aller dans un sexe-chope et en revenir avec un livre signé Bertolt Brecht, je n’avais jamais envisagé cette éventualité et pourtant c’est mon objectif ce vendredi lorsque je traverse en diagonale le parvis de la Cathédrale sur les marches duquel pique-nique une jeunesse lycéenne en vadrouille. Arrivé rue de la Champmeslé, je monte l’escalier orné de mannequins féminins vêtus de robes qui en laissent voir le plus possible puis pousse la porte vitrée de l’Espace Carré Blanc. M’y accueille, devant une sélection de lubrifiants, une vingtenaire plutôt jolie à qui je demande de s’occuper de mon paquet.
L’enveloppe blanche contenant le Journal de Berlin de Bertolt Brecht que je me suis offert avec mes Super Points Rakuten et que m’a envoyé Gibert Joseph via Mondial Relais est vite trouvée dans la réserve.
Sans m’intéresser davantage à ce qu’on trouve en boutique, je remercie l’aimable tenancière et redescends l’escalier y croisant une jeune femme longiligne au regard inquiet. Je présume qu’elle a choisi l’Espace Carré Blanc comme point de retrait de son achat sans savoir de quel genre d'endroit il s’agissait ou, pire, en le confondant avec Carré Blanc, la boutique de linge de maison de la rue Rollon.
J’imagine bien ce qu’elle va dire à son copain : « Tu ne devineras jamais où je suis allé chercher mon colis. » et d’ajouter : « J’ai croisé un vieux pervers dans l’escalier. »
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Je n’étais allé qu’une fois à l'Espace Carré Blanc. Celle qui me tenait la main avait depuis peu l’âge d’entrer dans un sexe-chope et voulait savoir à quoi ça ressemblait.