Une journée à Rouen et déjà de l’humeur

6 mai 2023


Retour des désagréments ce vendredi lorsque je me replonge dans la banalité de la vie quotidienne.
Vers neuf heures, j’appelle la secrétaire de mon médecin traitant pour obtenir un rendez-vous prochainement. Elle me dit qu’il est absent, ayant une remplaçante. Comme il s’agit avant tout d’un renouvellement d’ordonnance, je préférerais avoir affaire à lui, qui me connaît. « Quand revient-il ? » « On ne sait pas encore. » Soit je prends un rendez-vous maintenant avec la remplaçante, soit je rappelle après le douze pour savoir s’il est de retour car on ne prend pas de rendez-vous avec lui sans savoir s’il sera effectivement présent. Je prends donc un rendez-vous pour la semaine prochaine avec la remplaçante, me demandant s’il est malade ou quoi.
Un peu plus tard, je me rends à la Poste de la rue de la Jeanne afin d’acheter des vignettes d’expédition à l’un des automates. Ce que je redoutais arrive. Ni mes vignettes ni mes tickets ne sortent. Une première postière ne sait même pas comment régler le problème, c’est moi qui lui apprends qu’il y a des clés dans un tiroir pour ouvrir cette machine. Une deuxième sait ouvrir mais ne voit pas trace de vignettes, pas loin de m’accuser de fabuler. Il faut qu’elle appelle une responsable pour que le problème soit réglé. Je suggère à cette dernière d’organiser des stages pour celles qui n’ont pas su me venir en aide.
Quand Stendhal était énervé, il l’exprimait en disant « J’ai de l’humeur » ou « Cela me donne de l’humeur ». A son exemple, je peux dire qu’à peine y suis-je de retour, Rouen me donne de l’humeur.
Pour me remettre un peu, je décide d’aller déjeuner dans mon restaurant japonais préféré. Quand j’y entre, quatre jeunes filles sont déjà installées à la table proche de la porte. Je leur dis bonjour comme je le ferais pour n’importe qui dans la circonstance. Aucune ne me répond. Pas de doute, je ne suis plus dans le Pas de Calais.
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Même s’il fait plus doux à Rouen qu’à Boulogne-sur-Mer, pas moyen d’y boire un café en terrasse en raison des averses. Je retourne donc à l’intérieur du Socrate ce samedi matin. En face, Le Flo’s a rouvert après sa fermeture administrative mais sous forme restreinte car la Mairie lui a fait retirer une grande partie de sa terrasse, installée sans autorisation.
Quand je rentre en fin de matinée, j’apprends la mort de Philippe Sollers, l’écrivain maoïste devenu papiste que je n’ai jamais pu supporter, à l’écrit comme à l’oral. Il ne manquait pas d’encenseurs car de lui dépendait la parution de leurs livres chez Gallimard. D’autres écrivains avant lui furent faiseurs de roi chez Gallimard : Marcel Arland, Alain Bosquet, Max-Pol Fouchet, encensés de leur vivant, oubliés depuis leur mort. Bientôt plus personne ne se souciera des écrits de Philippe Joyaux, dit Sollers.