Vernissage de l’exposition photographique Narrateur incertain de Guillaume Painchault à la galerie Point Limite

16 septembre 2016


Ce jeudi en fin d’après-midi, je regarde sur le plan de Rouen comment rejoindre la rue Georges-d’Amboise où se trouve la galerie Point Limite qui est aussi l’espace de travail et de création des photographes Guillaume Painchault et Guillaume Laurent. J’y suis pourtant déjà allé plusieurs fois, mais cette partie de la ville m’est tellement étrangère que je pourrais m’y perdre.
Ce n’est donc pas le cas ce jour, et bien qu’ayant fait le nécessaire pour ne pas être là trop tôt, j’y suis quand même à dix-neuf heures précises, début officiel du vernissage de l’exposition photographique Narrateur incertain de Guillaume Painchault.
Je connais Guillaume Painchault depuis plusieurs années, précisément depuis le jour où il est venu chez moi pour me photographier en vue d’une exposition qui n’eut jamais lieu. J’ai déjà vu quelques-unes de ses photos dans une exposition collective, mais c’est la première fois que je découvre véritablement son travail (comme on dit), des photos en noir et blanc, prises dans les rues ou dans des lieux plus ou moins interlopes, de jour ou de nuit, saisies sur le vif ou posées. Certaines pourraient servir d’illustration pour la couverture d’un roman noir, d’autres de point de départ à une histoire qui tournerait mal.
Dans celles prises sur le vif, j’aime particulièrement quand le regard du ou de la photographié(e) croise celui du photographe, avec inquiétude ou avec défi. Ma préférée est celle de l’homme à la veste blanche, élégant et fatigué, qui traverse le parvis de la Cathédrale sur fond de troupeau de touristes. J’aime aussi beaucoup celle déjà vue de l’employée blonde de la Senecefe à qui l’uniforme et la casquette vont si bien quand elle donne le départ du train en gare de Rouen (parfois ce fut le mien, mais elle a hélas disparu depuis des mois, mutée je le crains).
Contre un euro, Guillaume Laurent me sert un gobelet de vin blanc que j’accompagne d’un petit morceau de gâteau salé apporté par une vernisseuse. Il y a ici des personnes qui me connaissent, avec qui j’ai déjà parlé pour certain(e)s et qui m’évitent désormais pour des raisons diverses et parfois obscures, et d’autres à qui je n’ai jamais parlé mais que je croise souvent en terrasse et là c’est moi qui les évite, n’ayant pas envie de faire connaissance et que mes futurs moments de lecture au Son du Cor ou à L’Interlude soient perturbés par des conversations obligées.
-A demain, me dit Guillaume Painchault lorsque je lui dis au revoir.
J’avais oublié que son exposition est en deux parties. la seconde se tenant au Café Perdu, rue d’Amiens. Elle sera vernie ce vendredi soir. Peut-être irai-je.
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Ce jeudi matin, en fond sonore se mêlent les pétards de la dernière manifestation contre la Loi Travail et les notes du carillon de la Cathédrale. Après le passage du cortège rue de la République, on peut lire sur la vitrine d’Actimag, le Premium Reseller, en capitales et à l’encre rouge : Anticapitalista.
Jeune Révolutionnaire, n’aurais-tu pas dans ta poche un téléphone de la Pomme ?
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L’après-midi, un bourdonnement de moustique me fait lever les yeux alors que je lis au jardin durant une éclaircie. Un drone tourne autour de la tour qui supporte la flèche de la Cathédrale. Cette tour est entourée d’un impressionnant échafaudage sur lequel trois êtres humains m’apparaissent minuscules. Leurs voix portent jusqu’à mes oreilles lorsque le drone est derrière la flèche. Je ne comprends pas ce qu’ils disent mais je suppose qu’il s’agit de faire un film promotionnel.
L’as-tu vu mon bel échafaudage ?