Michel Perdrial . Textes en revues
Michel Perdrial



Loïc Boyer
On trouvera ici de mes textes courts publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).

Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.

Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.

Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième chez L’Imprimante.

Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.








Facebook
Rss

De l'art de la teinture

Texte paru dans la revue Diérèse n°21 au printemps 2003


            Mélo est assise en ma compagnie, un jour de juillet à Figueras en Espagne, à la terrasse d’un restaurant situé sur une petite place carrée où se donnent rendez-vous des jeunes gens à la chevelure bleue et orange et elle commande un verre de sangria. Moi aussi qui ne sais pas encore que bientôt elle va entreprendre de teindre sa petite culotte blanche.
            Car à peine posés entre nous les deux grands verres pleins à ras bord dans lesquels flottent des cubes de pommes en abondance que Mélo balaie le sien d’un large geste de la main à la stupéfaction des consommateurs voisins dont les yeux, ronds comme les multiples sphères de la Galatée de Dali, convergent sur elle subitement coite.
            Sur sa robe bleue à fleurs roses, au niveau de son sexe, stagne une mare de sangria qui filtre lentement à travers le tissu.
            Mélo finit par se lever et le trop-plein de la mare s’écoule à terre où il rejoint les cubes de pommes. Un serveur accourt et, avec une éponge, nettoie négligemment table et chaise.
            -Tout a coulé sur ma culotte, me dit Mélo après le départ du garçon et, profitant que les yeux des convives voisins sont à nouveau plongés dans leurs assiettes, elle soulève sa robe et me montre un petit dessous, non plus blanc, mais d’un rose charmant qu’on ne trouve assurément pas dans le commerce.
            -Jolie teinture, mon amour, lui dis-je en la félicitant et je lui demande si elle a choisi de m’imiter car il m’arrive assez souvent de ne pas être satisfait de la couleur des vêtements que j’achète, blousons, chemises ou jeans, et de les plonger dans un bain de teinture noire d’où ils ressortent d’une couleur étrange et surprenante qui me convient toujours.
            Puis je lui offre la moitié de mon verre de sangria demeuré intact lors du grand balayage.
            Au cours du repas, Mélo, de temps en temps, soulève sa robe pour s’assurer qu’elle ne rêve pas. Oui, elle a bien une petite culotte toute rose. Et qui doit, de plus, être parfumée.
            -Je te la ferai sentir tout à l’heure, me dit-elle.