En lisant le Journal secret (1836-1837) d’Alexandre Pouchkine

14 décembre 2016


Publié aux États-Unis en mil neuf cent quatre-vingt-six, en France en quatre-vingt-quatorze chez Sortilèges, le Journal secret (1836-1837) d’Alexandre Pouchkine m’était inconnu jusqu’à ce que j’en trouve un exemplaire à un euro chez Book-Off. Le manuscrit, codé, aurait été transmis à Mikhail Armalinsky au moment où il fuyait l’Union Soviétique pour émigrer aux États-Unis. Celui-ci l’aurait fait passer outre Atlantique via l’ambassade des Pays-Bas. Dactylographié aux États-Unis, ce manuscrit a ensuite disparu mystérieusement.
Ce Journal secret est délicieusement pornographique mais il s’agit évidemment d’un faux, sans doute écrit par Mikhail Armalinsky lui-même. Sa lecture a réjoui ma lubricité quelques après-midi de l’été dernier.
Extraits :
J’avais l’impression que nos trois épieux se croisaient quelque part au milieu de ses entrailles en une escrime tumultueuse.
La débauche est à la fois un péché et une douceur en ce qu’elle nous apprend à résister à la nature. Selon ses lois, le désir doit mourir dans le mariage et laisser la place à d’autres sentiments : à la tendresse, à l’amour des enfants, à l’amitié. La débauche nous apprend qu’un nouveau con fait revivre le désir. Mais la vieille morale n’alloue au désir qu’un petit laps de temps, nécessaire pour amener l’homme et la femme au statut de mari et femme pour pouvoir procréer.
Ma vie dissolue d’avant le mariage m’a appris à adorer non pas l’entrecuisse mais la variété des entrecuisses.
Je n’ai que faire de ce que contiennent les pensées ou l’âme de N. du moment  qu’elle écarte ses jambes, gémit et se tortille sous moi.
Les femmes sont pleines de fausseté : les dames de la société prétendent qu’elles ne veulent pas et les putains prétendent qu’elles veulent.
La différence entre une femme « décente » et une putain ? Une putain vous fixe un prix précis, alors qu’une femme « décente » ne se limite pas et essaye de tirer de vous autant qu’elle peut.
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Sans doute est-il préférable de ne pas commenter plus oultre, comme l’écrivait Philippe Muray à propos de tout autre chose.