Une autre vie que la mienne

30 août 2022


Je suis à la terrasse du Sacre avec Zaza quand s’installent à la table voisine un couple et un huit ans (mojito, pinte, Coca zéro, seize euros).
« On met de l’argent sur un compte et la banque ferme le compte, c’est ça la France ! », claironne le buveur de mojito.
Des comptes bloqués, il y en a deux, celui de sa copine buveuse de bière et celui de sa sœur. Il a gagné seize mille euros et en a mis deux mille sur chacun de ces deux comptes.
-Je leur ai dit d’où venait l’argent, je l’ai gagné. Ils laissent ouvert les comptes des cassos où y a rien et ils ferment ceux où y a de l’argent.
-C’est pas ton compte qu’ils ont bloqué, c’est le nôtre.
-Si vous étiez pas fichées bancaires aussi.
-Ah parce que toi tu l’es pas peut-être.
-Le casino en ligne, c’est interdit en France, lui rappelle-t-elle.
-Alors on va quitter la France.
-Ah bon comment ?
-On va attendre que j’aie plus mon bracelet électronique.
Tous les deux sont sur leur smartphone. Deux intelligences pratiques sont à l’ouvrage. Elle appelle la Caf, déclare que son compte bancaire s’est fait pirater. Elle vient d’en ouvrir un autre en Allemagne. Elle veut savoir comment envoyer son nouveau Rib pour continuer à recevoir ses prestations.
Le huit ans a terminé son Coca.