Le Journal de Michel Perdrial
Le Journal de Michel Perdrial



Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.







Rss

Deux lectures de fin d’année (Anne Pauly et Marc Roger)

27 décembre 2021


Pas de dinde aux marrons pour moi, j’ai pour me tenir compagnie en cette fête de Noël Avant que j’oublie d’Anne Pauly (Verdier/poche) et La Méridienne Saint-Malo/Bamako de Marc Roger (Folies d’Encre & Merle Moqueur), le premier trouvé dans une boîte à livres rouennaise, le second payé un euro à Paris chez Book-Off.
J’ignorais tout d’Anne Pauly, née en mil neuf cent soixante-quatorze, dont Avant que j’oublie est le premier roman. Roman étant ce qui est écrit en page de titre, mais heureusement ce n’en est pas un. C’est un récit autobiographique qui narre de façon tragi-comique la mort du père, ses suites et les réflexions sur leur passé commun, un livre qui a obtenu le Prix du Livre Inter deux mille vingt, lequel était présidé par Philippe Lançon, ce qui est un gage de qualité.
Une fille lesbienne et militante féministe qui cherche à sauver la mémoire d’un père alcoolique et machiste et qui y parvient avec l’aide d’une autre femme dont elle reçoit une lettre, c’est ainsi que je peux résumer l’histoire dont une partie se passe à Gaillon. J’en apprécie l’absence de dialogues mais regrette quelques facilités d’écriture liées à la parlure contemporaine. Court échantillon : Faire danser des gens en passant de la musique trop fort était un puissant antidote aux remontées acides du désespoir. Pas de cadavres devant soi, mais des corps rendus à la vie qui dansaient pour tromper la mort.
J’ignorais tout de Marc Roger, né en mil neuf cent cinquante-huit, qui depuis mil neuf cent quatre-vingt-douze, est lecteur public en bibliothèques, salons du livre, centres culturels, théâtres, librairies ou établissements scolaires. La Méridienne Saint-Malo/Bamako raconte son voyage, en deux mille neuf, à pied et à voix haute, de la cité bretonne à sa ville natale. Il a pour compagnon un âne nommé Babel. En fait trois ânes successifs du même nom, le premier ne pouvant passer la Méditerranée, le deuxième ne pouvant suivre quand le marcheur est obligé de faire une étape en avion pour échapper aux islamistes.
J’aime que ce récit de voyage n’embellisse pas les choses. Parfois Marc Roger est mal accueilli en Espagne ou au Maroc et marcher par tous les temps est épuisant. J’apprécie aussi ses digressions, un chapitre consacré à un vieil homme nu près d’une rivière, observé à son insu, qui se masturbe en s’enfonçant un galet dans le fondement, un autre consacré au souvenir de sa lecture intégrale des Saisons de Maurice Pons, faite le dimanche vingt-cinq mai deux mille huit, en présence de l’auteur, au Moulin d’Andé.
Le récit de voyage de Marc Roger est parsemé d’extraits de livres lus à haute voix lors de certaines des étapes ou qui lui passent par la tête, dont celui-ci alors qu’il marche sur une piste cyclable, tiré d’Histoire de l’œil de Georges Bataille : La selle de cuir se collait à nu au cul de Simone qui fatalement se branlait en tournant les jambes. Le pneu arrière disparaissait à mes yeux dans la fente du derrière nu de la cycliste.